Réforme du Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières Nations : Réunions de la représentante spéciale de la ministre au Manitoba

Du 13 au 17 mars 2017, la représentante spéciale de la ministre, Mme Cynthia Wesley-Esquimaux, a rencontré des intervenants et des partenaires au Manitoba qui s'intéressent au processus de réforme des Services à l'enfance et à la famille des Premières Nations, notamment les groupes suivants :

On a demandé aux intervenants et aux partenaires d'indiquer ce qui, selon eux, devait être changé dans le Programme des services à l'enfance et à la famille des Premières Nations. Ce rapport présente un résumé des réunions tenues au Manitoba par Mme Wesley-Esquimaux, et met en lumière :

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Principales questions et conclusions

Jeunes

  • Des mesures de soutien pour les jeunes pris en charge doivent être mises en place afin de les aider à faire face aux traumatismes, à renforcer leur estime de soi, à développer un sentiment d'appartenance et à acquérir des compétences de base, de façon à ce qu'ils ne répètent pas le cycle avec leurs propres enfants
  • On souhaite encourager les organismes à respecter leurs engagements auprès des jeunes parents (jeunes adultes ou adolescents) dont les enfants sont confiés aux structures d'accueil afin d'éviter de promettre en vain la réunification
  • Il faut encourager les jeunes pris en charge et les jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge à agir en tant que modèles pour les enfants autochtones
  • On souhaite mettre en place des programmes de sensibilisation culturelle pour les familles d'accueil (particulièrement les familles non autochtones) afin de permettre à celles-ci d'aider les enfants autochtones qui leur sont confiés à entretenir un lien avec leur culture
  • Il est important d'élaborer des processus de présélection et de formation plus efficaces pour les parents d'accueil afin de veiller à ce qu'ils possèdent les connaissances, les valeurs et les caractéristiques appropriées pour élever des enfants pris en charge, et à ce qu'ils comprennent les besoins des enfants sur les plans de la spiritualité et de la culture
  • Il faut voir à ce que les travailleurs sociaux comprennent mieux les raisons pour lesquelles les enfants et les jeunes passent à l'acte (p. ex., un jeune fugue continuellement parce que le placement en foyer de groupe ne fonctionne pas pour lui)
  • On souhaite soutenir les enfants qui sont pris en charge en faisant appel à des travailleurs sociaux honnêtes, justes, compréhensifs et bienveillants, et pouvant agir comme mentors et non comme gardiens
  • Il faut accroître la sensibilisation au fait que les enfants et les jeunes pris en charge se sentent souvent déprimés et malheureux, et croient qu'ils n'ont pas été confiés aux structures d'accueil parce qu'ils sont de « mauvaises personnes »
  • Il est important d'établir des relations solides entre les parents d'accueil, les familles élargies et les enfants afin d'éviter que ceux-ci se sentent seuls et aient l'impression d'être exclus de la famille
  • Le système de protection de l'enfance devrait cesser de placer les enfants autochtones dans des foyers non autochtones afin d'éviter que les enfants vivent un traumatisme additionnel, subissent une perte de leur identité ou de leur sentiment d'appartenance, et ne se sentent pas en sécurité
  • On souhaite s'assurer que les enfants et les jeunes pris en charge se sentent en sécurité et acceptés au lieu d'être étiquetés comme des problèmes qu'il faut gérer pour obtenir un revenu supplémentaire
  • Il est important de changer le système parce que, comme l'a dit un jeune : [traduction] « Le système de services à l'enfance et à la famille retire les enfants de leur famille lorsqu'ils sont négligés, mais les néglige à son tour »
  • Il faut s'assurer que les parents d'accueil n'imposent pas de valeurs et de croyances religieuses aux enfants et aux jeunes (p. ex., les obliger à fréquenter leur lieu de culte)
  • Le financement et le soutien pour les jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge sont nécessaires afin de leur permettre de suivre des études et de répondre à leurs autres besoins de base (p. ex., logement, vêtements adéquats)
  • Les enfants sont souvent intimidés et ne savent pas vers qui se tourner lorsqu'ils ont besoin d'aide
  • Il est important que les organismes offrent des mesures de soutien et des activités culturelles (p. ex., enseignement axé sur le territoire) pour aider les jeunes pris en charge à entretenir un lien avec leur culture

Organisations représentant les dirigeants des Premières Nations

  • On souhaite mettre l'accent sur la réconciliation en soutenant et en écoutant les Autochtones, et en les traitant comme des partenaires égaux dans la réforme de protection de l'enfance
  • Il faut aborder la question de la relation de nation à nation et appuyer les Premières Nations afin de leur permettre de détenir la compétence et les pouvoirs relativement à la protection de l'enfance en vertu de leurs propres lois, au lieu d'avoir à se conformer aux politiques et aux lois gouvernementales en place
    • Un aîné a déclaré : [traduction] « Nous savons ce que nous devons faire »
  • On souhaite récupérer l'autonomie (ou l'indépendance) en assumant la responsabilité liée aux soins aux enfants et en faisant de cette question un élément central des enseignements autochtones
    • Un des aînés a déclaré : [traduction] « Nous devons prendre notre responsabilité légitime… qui consiste à veiller à ce que nos enfants soient au cœur de notre vie. »
  • Il faut reconnaître le rôle que peuvent jouer les aînés et les gardiens du savoir pour aider à guérir les esprits anéantis des membres de leur collectivité
  • Il est important de mettre fin à l'offre et à la demande dans l'industrie de la protection de l'enfance au Manitoba
  • On souhaite mettre fin au cycle des enfants nés dans le système, c'est-à-dire lorsque des personnes issues de familles d'accueil ont à leur tour des enfants qui doivent être pris en charge
  • Il est important que la réforme des services d'aide à l'enfance du gouvernement fédéral soit axée sur la vision de la collectivité et ne vise pas uniquement à recueillir de l'information au moyen d'un processus de mobilisation
  • Il est nécessaire d'examiner ce qui peut être changé dès maintenant, car certains changements stratégiques peuvent avoir des effets positifs
  • Les aînés veulent que l'on confronte la « crise de l'identité », car ils voient les enfants et les jeunes être pris en charge par un système de protection de l'enfance qui ne les aide pas à savoir qui ils sont et d'où ils viennent
  • Il est important d'aborder la question de l'incertitude que ressentent les jeunes face à leur avenir en les mettant en contact avec le territoire et les modes de vie ancestraux, de façon à faire naître en eux un sentiment d'espoir
  • On souhaite aborder les causes profondes de la prise en charge des enfants, et mettre l'accent sur la prévention et la guérison à l'échelle communautaire afin de renforcer les familles, d'établir les rôles des hommes et des femmes et d'accorder la priorité aux enfants
  • Les travailleurs sociaux autochtones ou les personnes possédant de l'expérience du travail auprès des Autochtones ont besoin de plus de soutien
  • Les taux de financement doivent être les mêmes pour la prise en charge par un foyer d'accueil et par un membre de la famille élargie, et la prise en charge par un membre de la famille élargie nécessite un soutien plus important (p. ex., financement aux familles élargies pour les enfants placés sous leur garde ou pleine allocation aux grands-parents pour permettre aux enfants de rester à la maison)
  • Il faut soutenir davantage les parents et les familles, notamment au moyen de programmes culturellement pertinents destinés aux parents (p. ex., éducation des enfants, modes de vie sains, consultation familiale), d'un enseignement axé sur le territoire et de services de santé mentale
  • Il est important d'affecter plus de ressources pour les enfants ayant des besoins particuliers, dont des ressources adéquates à l'échelle communautaire, un transport adéquat et une formation obligatoire pour les enseignants qui ont des élèves handicapés
  • On souhaite examiner les lois, les normes de soins, les pratiques et les valeurs provinciales pour veiller à ce qu'elles soient adaptées aux besoins des collectivités autochtones
  • Il faut examiner les lignes directrices et les politiques liées aux allocations spéciales pour enfants afin de répondre aux préoccupations selon lesquelles le gouvernement provincial retient des fonds qui doivent être versés aux organismes
  • On demande au gouvernement provincial de porter une attention particulière pour s'assurer de ne pas fournir d'incitatif à la prise en charge des enfants (ou privilégier cette pratique), pour aider les parents à guérir et pour veiller à ce que, dans toute la mesure du possible, les enfants autochtones soient placés dans les foyers d'accueil autochtones
  • Il est nécessaire de se pencher sur la raison pour laquelle le gouvernement fédéral finance les programmes liés au principe de Jordan, mais ne finance pas l'infrastructure à l'appui de l'expansion des services
  • Les activités et les systèmes de collecte de données provinciaux et fédéraux doivent respecter les principes de la propriété, du contrôle, de l'accès et de la possession

Membres des collectivités et des conseils de bande

  • Il est important de fournir plus de ressources pour les services à l'enfance et à la famille afin de soutenir les programmes culturels, sociaux et destinés aux aînés
  • On veut rétablir la responsabilité sacrée qui consiste à s'honorer mutuellement ou à « écouter avec leur cœur »
  • L'accent doit être mis sur les points forts de la collectivité (à titre d'exemple, dans certaines collectivités, le fait de s'occuper de ses enfants en tant que mère seule est jugé comme une force)
  • Il est important de mettre les enfants au centre des collectivités, et les familles doivent reprendre leurs responsabilités
  • Les Premières Nations veulent élaborer leurs propres lois et des modèles autochtones en matière de soins afin d'assumer la responsabilité liée aux services à l'enfance et à la famille
  • On souhaite élaborer une loi fédérale ou une loi des Premières Nations, sur les services à l'enfance et à la famille, qui aide les familles qui réussissent à garder leurs enfants au lieu de les pénaliser en diminuant leur financement (à titre d'exemple, un directeur a perdu 800 000 $ en financement provincial, car il a réussi à diminuer le nombre d'enfants pris en charge)
  • Il est important de ne pas investir seulement dans le personnel des organismes communautaires; il faut également investir dans les membres des collectivités
  • Il faut développer et financer pleinement la prise en charge par un membre de la famille élargie comme moyen de diminuer le nombre d'enfants retirés des collectivités
  • Il faut discuter des répercussions à long terme des abus sexuels et de la violence à l'échelle communautaire
  • Il faut mettre en place des programmes axés sur le territoire comme outil de prévention
  • Il faut aborder les différences de revenus entre les personnes qui vivent dans le Sud et celles qui vivent dans le Nord (le revenu médian au Manitoba s'élève à 50 000 $, tandis que dans les collectivités nordiques, il n'est que de 19 000 $)

Organismes d'aide à l'enfance

  • Il faudrait placer les enfants autochtones dans des foyers d'accueil autochtones et non à l'hôtel ou dans des foyers non autochtones
  • Le système judiciaire provincial doit mettre l'accent sur l'adoption au sein de familles métisses et inuites au lieu de recourir trop rapidement à l'adoption à l'extérieur de ces collectivités
  • Il est important d'aider les enfants à rester dans leur foyer et leur collectivité en établissant des cercles d'aide
  • Des modèles de financement souples devraient être utilisés, car cela aiderait les organismes à offrir des services de traumatologie complets en collaboration avec le réseau familial au lieu de les contraindre à travailler en vase clos
  • Il faut augmenter le financement direct aux organismes afin de permettre à ceux-ci d'améliorer leurs programmes de prévention, notamment en finançant diverses activités comme des séances de réflexion sur différents sujets (p. ex., problèmes de dépendance, importance du sport chez les jeunes)
  • Le modèle de financement devrait corriger les inégalités au sein des organismes pour soutenir les agents chargés de cas, gérer les volumes de cas et garantir la durabilité
  • Pour les enfants pris en charge et les jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge, le financement devrait être axé sur les services de soutien suivants :
    • célébration pour souligner l'atteinte de l'âge de la majorité
    • programme « Roots and Wings »
    • programme de compétences de base et de préparation à l'emploi « Métis Spirit »
    • programme de vie en communauté interdépendante RAILS (Rosedale Adolescent Interdependent Living Services)
    • programme L.I.F.E. (Living in Family Enhancement), qui permet à la famille de rester unie pendant un placement visant à l'aider à se renforcer
  • Il faut faire en sorte que les services à l'enfance ne cessent pas automatiquement lorsque les jeunes atteignent l'âge de 18 ans et adopter une approche plus souple pour aider les jeunes, y compris les Métis, qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge, à continuer leurs études jusqu'à l'obtention d'un diplôme postsecondaire
  • En raison des frais de déplacement élevés, du manque de logement et de l'infrastructure limitée, il manque de travailleurs sociaux dans les collectivités éloignées, ce qui rend difficile le maintien d'une présence régulière à l'échelle communautaire
  • De nouveaux investissements sont nécessaires pour augmenter le nombre de travailleurs, donner davantage de formation et répondre aux besoins des enfants pris en charge
  • On souhaite examiner les lois et politiques provinciales, ainsi que les pratiques opérationnelles des organismes afin de réformer le système de protection de l'enfance
  • Il faut créer des infrastructures dans les collectivités, notamment pour les bureaux des organismes, les centres de traitement familial et les maisons d'hébergement
  • Des programmes doivent être mis sur pied pour mieux appuyer les jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge
  • Il faut aider les foyers d'accueil et les foyers de groupe dans les réserves afin que les enfants qui ont besoin de protection puissent rester dans leur collectivité
  • Il faudra mettre davantage l'accent sur les modèles de prise en charge par un membre de la famille élargie et de soins conformes aux traditions
  • Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour les services de soutien à la famille, y compris en matière de santé mentale, de toxicomanie et de soutien à domicile

Travailleurs sociaux et travailleurs spécialistes du mieux-être

  • Il faut abandonner les programmes de protection de l'enfance en vertu desquels les enfants sont retirés de leur foyer au profit d'un modèle fondé sur les conférences familiales, l'enseignement axé sur le territoire, le soutien à l'intégration communautaire et le renforcement des relations (à titre d'exemple, la collectivité de Yellow Shawl, où les jeunes présentant un risque faible à moyen ont accès à un mentor en tout temps)
  • On souhaite augmenter le financement durable pour les travailleurs communautaires et les programmes de bien-être pour les enfants, les parents et les jeunes sans abri qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge, par exemple :
    • le programme « Better Fathering »
    • Priorité au logement
    • Maison de transition
    • Sécurité alimentaire
    • Aptitudes à la vie quotidienne
    • Préparation à l'emploi
    • Counseling en santé mentale
  • Il est important de mettre en place des programmes de prévention pour aider les enfants qui vivent en milieu urbain à demeurer avec leur famille (p. ex., le programme « Fresh Start », qui porte sur l'éducation, l'emploi et le logement, et le programme « New Beginnings », qui est axé sur les problèmes de santé mentale et de toxicomanie)
  • On souhaite effectuer l'examen des enjeux interprovinciaux qui surviennent lorsque des enfants autochtones sont placés en foyer d'accueil dans une autre province que la province d'origine de leur famille

Province du Manitoba

  • Le gouvernement provincial examine actuellement les améliorations qui pourraient devoir être apportées à ses lois existantes afin d'appuyer des approches et des modèles communautaires en matière de prestation de soins conformes aux traditions
  • Le soutien provincial pour la tenue d'un projet pilote sur un modèle d'investissement global (qui tient compte des services complets offerts par les organismes) conçu pour appuyer les organismes qui réussissent à éviter la prise en charge des enfants par les structures d'accueil
  • On souhaite discuter avec les collectivités afin de déterminer la meilleure approche pour permettre à celles-ci de se réapproprier la responsabilité liée à l'éducation des enfants, tant à l'intérieur des réserves qu'à l'extérieur de celles-ci

Défenseurs des droits des enfants

  • On souhaite analyser les modèles d'organisme, notamment à la lumière du fait que le taux de retrait des enfants de leur foyer au Manitoba est pratiquement deux fois plus élevé que ceux relevés en Alberta et en Saskatchewan
  • On souhaite soutenir davantage les familles, en mettant fortement l'accent sur la réduction de la pauvreté, afin de leur permettre d'éviter de confier leurs enfants au système de protection de l'enfance
  • Il est important de réduire les retards judiciaires qui prolongent la période pendant laquelle les parents doivent attendre avant de pouvoir s'adresser aux tribunaux pour discuter de la prise en charge de leurs enfants
  • On souhaite reconnaître dès le départ que les enfants et les jeunes pris en charge peuvent souffrir de divers problèmes (toxicomanie, sentiment de deuil ou de perte, traumatisme intergénérationnel) avant de les étiqueter et d'avoir recours à des médicaments
  • On souhaite créer un cercle de savoir qui évalue les familles et les parents d'un point de vue fondé sur une vision autochtone du monde plutôt que sur un modèle occidental
  • Il est important de réduire les investissements dans un système de protection de l'enfance réactif qui met l'accent sur l'appréhension (retrait des enfants de leur foyer), et d'accroître le soutien pour la prévention et la guérison
  • Il faut accroître le soutien et les ressources communautaires pour lutter contre la crise du suicide chez les jeunes (p. ex., cercle de grands-mères ou d'aînés)
  • Il faut planifier des projets de vie permanents pour les enfants du Manitoba pris en charge afin de mieux évaluer et comprendre les expériences que vivent les enfants dans le système
  • On souhaite créer davantage de possibilités pour des programmes novateurs permettant d'intervenir dès le départ afin de trouver du soutien et de l'aide pour les enfants (p. ex., le programme « Finding Families ») pendant que leurs parents reçoivent de l'aide
  • Il faudrait prendre davantage de mesures de soutien afin d'aider les enfants et les jeunes qui n'ont plus accès aux services à l'enfance en raison de leur âge à surmonter les problèmes liés à la pauvreté, à l'itinérance, au sentiment de tristesse profonde, à la perte du sentiment d'appartenance et d'identité, et à la séparation de leurs frères et sœurs (le cas échéant)

Principaux thèmes

Un certain nombre de thèmes sont ressortis des discussions avec les intervenants et les partenaires :

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