Deuxième table ronde sur la réconciliation économique : Ce que nous avons entendu

Résumé des points de vue exprimés par les participants à la deuxième table ronde sur la réconciliation économique, qui s'est tenue le 27 mai 2024 à l'invitation de l'honorable Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones, à la Banque du Canada.

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À propos de la table ronde

Parmi les participants figuraient des dirigeants autochtones d'organisations autochtones nationales et d'institutions économiques autochtones nationales, des cadres supérieurs du secteur financier canadien, des ministres fédéraux et des hauts fonctionnaires fédéraux.

Le contenu de ce document n'expose pas la position ou les opinions de Services aux Autochtones Canada ou du gouvernement du Canada, mais offre plutôt une synthèse des opinions et des perspectives partagées par les participants lors de la table ronde sur la réconciliation économique. Dans l'esprit de la règle de Chatham House, aucune attribution n'est faite. Les exemples fournis ne sont pas des citations textuelles de la table ronde : dans certains cas, les idées ont été synthétisées ou reformulées pour des raisons de fluidité, de clarté et d'anonymat aux fins du présent document.

Recherche, données et diffusion de l'information

Pour fournir du contexte à la réunion, on a donné une présentation sur les perspectives économiques du Canada. La présentation abordait la comparaison de l'inflation totale au Canada par rapport à celle en Europe et aux États Unis. Elle présentait également les tendances en matière de croissance, d'emploi et de produit intérieur brut.

Même si les tendances générales donnaient une idée de l'économie canadienne dans son ensemble, on a souligné que les économies autochtones font parfois face à des défis différents des autres segments de l'économie canadienne. Certains indicateurs économiques courants de l'économie canadienne en général ne sont pas toujours représentatifs des réalités de l'économie autochtone. Voici des obstacles et des considérations mentionnés lors des prévisions sur les perspectives économiques dans l'économie autochtone.

Voici des mesures permanentes et des recommandations pour aider à combler les écarts en matière de recherche et de données qui ont été présentés par les personnes participantes.

Mesures permanentes

Recommandations

  • Collaboration avec Statistique Canada afin de déterminer l'incidence des politiques économiques sur les communautés autochtones.
  • Perspective économique autochtone annuelle ou semi annuelle produite par le gouvernement fédéral ou une autre institution financière.

Tout au long des conversations sur les données et la recherche, on a souligné que, historiquement, les peuples autochtones font l'objet de recherches sans en retirer des avantages. On a soulevé les principes de propriété, de contrôle, d'accès et de possession, et on a reconnu l'importance de veiller à ce que les communautés autochtones puissent utiliser les recherches réalisées sur les peuples autochtones à des fins de promotion d'un changement concret.

Programme de garantie de prêts pour les Autochtones

On a abordé le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones (PGPA). Les personnes participantes ont eu l'occasion de poser des questions et de formuler des suggestions au sujet de la conception et de la mise en œuvre du programme. La discussion a porté sur les éléments ci-dessous.

Objectif du programme : Les personnes participantes ont posé des questions au sujet de l'objectif du programme, plus précisément pour savoir si le programme comptait réduire le coût du capital ou financer les projets qui présentaient des risques inhérents selon les grands prêteurs.

Évaluation des risques : Les personnes participantes souhaitaient mieux comprendre l'évaluation des risques des demandeurs. De plus, elles souhaitaient savoir si les projets avec un niveau de préparation supérieur seraient ciblés en premier.

Avantages : Les personnes participantes voulaient comprendre les protections mises en œuvre pour veiller à la concrétisation des avantages du PGPA pour les peuples autochtones. De plus, elles ont demandé comment ce programme serait protégé contre les demandes de personnes clamant frauduleusement être autochtones.

Soutien des capacités : Les personnes participantes ont souligné l'importance que le programme offre du soutien supplémentaire pour combler les besoins en matière de capacités, soulignant les coûts considérables engagés lors de l'obtention de capitaux pour de grands projets.

Croissance : On a exprimé un vif intérêt envers la croissance du programme au fil du temps, où l'investissement initial de 5 milliards de dollars est traité comme une base et non comme la taille maximale du programme.

Mise en œuvre : Les personnes participantes ont demandé des précisions au sujet de l'échéancier de la mise en œuvre du programme, des frais reliés à l'accès au programme et des efforts déployés pour supprimer les frictions administratives du processus. Elles souhaitaient également savoir si la mise en œuvre allait faire appel à une approche fondée sur les distinctions et être dirigée par des Autochtones. On a cité le Fonds de croissance du Canada (FCC) comme modèle qui offre des considérations essentielles relatives à l'exécution fondée sur les distinctions.

Autres considérations : Les personnes participantes ont posé des questions sur la répartition des projets ou des groupes autochtones dans plusieurs compétences provinciales et sur la manière dont cela affecterait la participation au programme.

Hypothèques et autres prêts en vertu de la Loi sur les Indiens

Le paragraphe 89(1) de la Loi sur les Indiens interdit la saisie de biens autochtones sur une réserve. Cette clause empêche d'utiliser une propriété comme garantie pour les Premières Nations à la recherche de financement. Combinée à d'autres facteurs, cette restriction présente des obstacles considérables au développement économique des Premières Nations. Les personnes participantes ont proposé des solutions pour surmonter les obstacles de la Loi sur les Indiens, notamment :

Obstacles à l'accès à du capital abordable

Les institutions économiques autochtones continuent de mentionner l'accès à du capital abordable comme étant un facteur habilitant clé pour les groupes autochtones à la poursuite de leurs visions économiques de l'avenir. Bien qu'il existe de nombreuses sources de capital pour les groupes autochtones (prêts commerciaux, prêts par l'entremise de sociétés d'État et de programmes gouvernementaux comme le Programme d'entrepreneuriat, et prêts en vertu de la Loi sur la gestion financière des premières nations), une grande partie du capital disponible n'est pas abordable en raison des frais liés aux risques et au service de la dette pour les entreprises et les gouvernements autochtones. Les personnes participantes ont souligné plusieurs facteurs qui contribuent au prix du capital.

Recommandations

Les institutions financières tirent avantage de solides relations de travail avec des clients autochtones. Celles qui trouvent des solutions obtiennent de nouveaux clients et de nouvelles possibilités. Voici des solutions précises qui ont été mentionnées lors de la discussion.

  • Les personnes participant à la table ronde ont présenté des idées sur la manière, pour les institutions financières, de contourner les limites imposées par la Loi sur les Indiens aux emprunteurs des Premières Nations, notamment :
    • le paragraphe 89(1.1), qui permet aux Premières Nations de désigner une terre. Les terres désignées conservent leur statut de terre d'une réserve et peuvent habituellement faire l'objet d'une sous location par des personnes non autochtones sans approbation ministérielle. Les sous locations peuvent alors servir de garantie dans les relations de prêt;
    • les Premières Nations qui ont opté pour le régime de la Loi sur la gestion des terres des premières nations peuvent créer un code foncier qui détermine les droits de tenure à bail pour les personnes qui ne font pas partie des Premières Nations. Grâce à cette approche, les sous locations peuvent servir de garantie avec davantage de certitude.
  • Les institutions financières doivent veiller à ce que leur personnel, leurs politiques et leurs processus intègrent les pratiques exemplaires en matière de collaboration avec les communautés autochtones, notamment, mais sans s'y limiter :
    • une compréhension des éléments juridiques et administratifs des transactions avec des gouvernements autochtones;
    • les compétences culturelles et l'établissement de relations authentiques;
    • la capacité d'attirer et de conserver des clients autochtones;
    • une expertise financière relative aux Autochtones adaptée aux assureurs comme aux arbitres de risque.
  • La manière d'exécuter les programmes et les services pour les communautés autochtones doit être plus uniforme partout au pays, tant pour les gouvernements que pour les institutions.
    • Par exemple, une personne participant à la table ronde a mentionné que son institution offrait les mêmes avantages aux communautés autochtones qu'à tout autre ordre de gouvernement lors d'une demande de capital. Les institutions financières présentes n'étaient pas toutes du même avis sur cette question.
    • Le Programme de garantie de prêts pour les Autochtones du gouvernement fédéral est un exemple d'augmentation de l'accès général aux programmes et aux services comme auparavant seules quelques provinces offraient un programme similaire.
  • Une conférence pour les investisseurs autochtones devrait avoir lieu afin de discuter de l'information asymétrique et réunir des investisseurs internationaux ainsi que les groupes autochtones à la recherche de capital.
  • Le gouvernement fédéral devrait penser à modifier la loi qui crée des obstacles aux groupes autochtones dans l'accès au marché des capitaux.
    • Cette grande partie du travail doit être envisagée avec la collaboration complète des partenaires autochtones.

Recommandations générales et prochaines étapes

À la fin de la table ronde, les personnes participantes ont eu l'occasion de présenter des mesures concrètes pour améliorer l'accès à du capital abordable et pour faire progresser la réconciliation économique en général. Un résumé des recommandations formulées se trouve ci dessous.

Conclusion

En résumé, la discussion a porté sur un éventail de questions touchant les progrès significatifs relatifs à la réconciliation économique. Plus précisément, la discussion a porté sur les sujets ci-dessous.

Recherche, données et diffusion de l'information

Les personnes participantes ont souligné l'absence de données robustes sur l'économie autochtone, l'exclusion des réserves dans les indicateurs économiques clés et l'augmentation des contraintes économiques auxquelles font face les communautés autochtones, contraintes qui ne sont toujours pas reflétées dans les moyennes nationales. Les personnes participantes ont recommandé la création régulière de perspectives économiques autochtones ainsi qu'une meilleure collaboration avec Statistique Canada afin de déterminer l'incidence des politiques économiques sur les communautés autochtones.

Programme de garantie de prêts pour les Autochtones

Les personnes participantes souhaitaient mieux comprendre le programme, plus précisément son objectif, sa politique d'évaluation des risques, les avantages visés, la disponibilité du soutien des capacités, le potentiel de croissance et la mise en œuvre.

Hypothèques et autres prêts en vertu de la Loi sur les Indiens

Les personnes participantes ont réitéré les restrictions actuelles imposées par la Loi sur les Indiens quant à l'utilisation des terrains ou des propriétés comme garantie dans le cadre d'ententes financières. Parmi les solutions potentielles mentionnées, on retrouve : la suppression de l'exigence du consentement ministériel pour conclure des locations à une tierce partie, l'introduction d'un système Torrens de registre foncier fédéral, et l'évaluation des pratiques et des politiques qui empêchent le secteur financier de travailler avec les gouvernements autochtones sur un pied d'égalité.

Obstacles à l'accès à du capital abordable

Un défi en cours, également mentionné lors de la table ronde de février 2024, est l'accès à du capital abordable. Les obstacles spécifiques mentionnés sont notamment : le financement de projets qui n'ont pas une source de remboursement fiable, le manque de connaissances spécialisées des assureurs et le manque d'états financiers à jour. Les personnes participantes ont recommandé de tirer profit des occasions que présente la Loi sur la gestion des terres des premières nations. Elles recommandent également que les institutions financières déploient des efforts concertés pour s'éduquer et éclairer leurs politiques et pratiques. Il faudrait également assurer une meilleure uniformité quant à la disponibilité des programmes et des services qui appuient l'accès au capital, créer une conférence pour les investisseurs autochtones, et étudier la possibilité de modifier les lois fédérales qui créent des obstacles dans l'accès au marché des capitaux.

Prochaines étapes

Les personnes participantes ont exprimé leur volonté de continuer le travail dans ce domaine et de poursuivre la conversation et le rythme établis au cours de la discussion. Le gouvernement du Canada continuera de mobiliser les personnes participantes et de collaborer avec elles pour explorer les options et les recommandations formulées pendant la discussion.

Pour la suite, la planification de la prochaine table ronde, prévue pour l'automne 2024, est en cours. La Banque Royale du Canada et le Conseil de gestion financière des Premières Nations se sont portés volontaires pour organiser cette discussion. On encouragera les personnes participantes à préparer pour la discussion des exemples de progrès réalisés et de mesures précises par rapport aux différents obstacles et aux solutions suggérées lors des deux dernières tables rondes sur la réconciliation économique.

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