Un dialogue ouvert sur les dispositions législatives sur la santé des Autochtones - Rapport sommaire
Rétablir l'équilibre pour faire honneur à tous les peuples.
Table des matières
Introduction
Guidé par le cercle consultatif des Aînés, Services aux Autochtones Canada a organisé, le 23 février 2022, un événement virtuel d'une journée intitulé « Un dialogue ouvert sur les dispositions législatives sur la santé des Autochtones : Rétablir l'équilibre pour faire honneur à tous les peuples ». L'événement visait à entendre des universitaires autochtones, des gardiens du savoir traditionnel, des étudiants et d'autres partenaires qui contribuent à l'amélioration du mieux-être des Autochtones. Les participants ont eu l'occasion de partager leurs connaissances afin d'appuyer les dispositions législatives sur la santé des Autochtones. Il s'agissait d'une partie d'un processus de mobilisation élargi en cours dans les territoires traditionnels du Canada afin d'obtenir l'avis des peuples autochtones, des professionnels de la santé, des partenaires du système de santé, ainsi que des provinces et des territoires à l'appui des options législatives. Avant l'événement, une cérémonie du calumet a été organisée avec le cercle consultatif des Aînés afin d'ouvrir la voie au dialogue dans de bonnes conditions.
Un total de 5 séances de dialogue ont été organisées tout au long de la journée, chacune étant guidée par les Aînés :
- Notre passé commun et les héritages du colonialisme
- Honorer la santé relationnelle
- Allumer un feu ensemble
- Réflexions des jeunes
- Porter le feu ensemble
L'Aîné Leroy Little Bear a également prononcé un discours sur le stress toxique, dans lequel il a expliqué en détail l'incidence du colonialisme sur la santé physique et mentale des peuples autochtones.
Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont contribué au dialogue, notamment les conférenciers, les participants, les animateurs, le preneur de notes graphiques, les organisateurs et le cercle consultatif des Aînés. Merci de partager vos connaissances et votre sagesse avec nous, et de vous réunir avec nous dans un esprit de santé.
Nous sommes heureux de vous transmettre ce résumé du dialogue. Il est disponible en anglais, en français, en ojibwé, en mi'kmaq, en cri des Plaines, en inuktitut et en michif et est organisé comme suit :
- Résumé graphique de l'ensemble du dialogue
- Résumé des suggestions partagées à l'appui des options et de l'approche législatives
Vous pouvez demander des copies du rapport, ainsi que des illustrations graphiques réalisées en direct pendant les séances, en envoyant un courriel à lsa-ihl@sac-isc.gc.ca. Veuillez noter que les illustrations graphiques propres aux séances ne sont disponibles qu'en français et en anglais.
Principes directeurs du dialogue
- C'est un dialogue sincère
- L'écoute est le premier signe de l'amour
- Le lien avec le monde naturel et spiritual
- Si vous voulez faire quelque chose de bien — retroussez vos manches
- La marée montante soulève tous les bateaux
- Nous sommes tous liés
- C'était écrit que nous serions ici aujourd'hui
- Nous voulons retrouver l'équilibre
- Nous honorons tous ceux qui sont ici présents
Résumé graphique de l'ensemble du dialogue
Résumé des suggestions formulées en vue de soutenir les options et l'approche législatives
Obtenues des Aînés, des jeunes et des intervenants lors de l'événement. Les citations ont été saisies et reproduites le plus fidèlement possible
Suggestions relatives au contenu des dispositions législatives
La santé globale de la personne : Adopter une approche holistique, fondée sur la culture, qui tienne compte des déterminants sociaux du mieux-être tels que définis par les peuples autochtones
- Lors de la planification, nous pensons toujours à la manière dont de nombreuses dimensions différentes s'assemblent et sont liées, sont en relation et permettent de produire des communautés saines et dynamiques.
- La santé autochtone doit englober des perspectives holistiques… La santé inclut la dimension physique (qui est le plus important du point de vue occidental), et les dimensions mentale et émotionnelle. Mais qu'en est-il de la dimension spirituelle? Les dispositions législatives doivent intégrer l'aspect spirituel. Les législateurs doivent examiner les dispositions législatives sur la santé des Autochtones en tenant compte des visions autochtones du monde et des quantums mental, émotionnel, physique et spirituel, ce qui nécessitera un dialogue profond et cohérent pour réunir les deux visions du monde.
- Nous devons reconnaître les déterminants sociaux autochtones — emploi, éducation, revenu. Nous devons aussi reconnaître que l'ensemble comprend tous ces éléments — le territoire, la langue, la gestion de l'environnement, la culture, les expériences de racisme et de discrimination.
- Dans le Nord, je vois des Autochtones se tourner vers leur langue pour trouver du mieux-être et de la force.
- Modèles de soins holistiques par rapport aux modèles de soins médicaux — les dispositions législatives sur la santé des Autochtones fondées sur les distinctions doivent tenir compte des modes de vie autochtones (traditions, soins médicaux, approches communautaires à l'égard des soins, etc.).
- Nécessité de reconnaître que les populations autochtones ont leur propre approche à l'égard de la santé, leur propre vision du monde, leur mode de vie traditionnel. Il faut appuyer le renouveau de ces voies partout où elles sont souhaitées. Par exemple, soutien des sages-femmes, des femmes et les populations traditionnelles — des rôles qui sont essentiels.
- Reconnaître la sécurité culturelle, les méthodes holistiques de mieux-être. Contraste avec le modèle médical et recherche d'une manière d'établir nos mesures de soutien et nos valeurs.
- Au début de mes études, j'ai commencé à reconnaître les déterminants sociaux de la santé et le rôle qu'ils jouent dans la santé bucco-dentaire. La santé bucco-dentaire commence avant même la conception de l'enfant. Création d'un environnement pour les peuples autochtones qui conduira à une meilleure santé bucco-dentaire… Les inégalités en matière de santé bucco-dentaire ne se limitent pas au brossage et à l'utilisation de la soie dentaire… Il faut une approche holistique de la santé bucco-dentaire. Il faut examiner les déterminants sociaux de la santé et le rôle qu'ils jouent dans la santé bucco-dentaire, ainsi que la manière dont l'environnement général et la vie des peuples autochtones affectent leur santé.
- Nous avons besoin que la Terre Mère soit en bonne santé et cela doit être inclus dans les dispositions législatives. Il peut s'agir de donner des droits à l'identité individuelle aux arbres, aux poissons, aux oiseaux et aux insectes. Sinon, nous ne sommes pas responsables dans notre rôle de protection des sept générations à venir.
- Le travail dans ce domaine doit porter sur les questions psychologiques, économiques, sociales et culturelles qui touchent nos peuples.
- Les peuples autochtones se tournent vers leur langue comme facteur de protection, et ils reconstruisent et revitalisent la langue.
- Nous nous appuyons également sur les remèdes des cultures autochtones. Le mode de vie, le fait de vivre et d'être sur le territoire et d'accueillir les enseignements de nos Aînés pour ce qui est de la façon d'occuper le territoire.
- Manque d'accès aux cérémonies et aux mesures de soutien traditionnelles en matière de santé, qui ont été ghettoïsées. Les soins de santé autochtones et les soins de santé non autochtones devraient bénéficier du même niveau de financement.
- L'une des façons d'envisager l'élaboration de dispositions législatives sur la santé des Autochtones fondées sur les distinctions est de penser à travailler dans le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations. Le mieux-être mental est un véritable mieux-être. Ce que nous avons appris ici, c'est la complexité de notre mieux-être. Il se compose d'un certain nombre de facteurs et d'indicateurs qui nous aident à comprendre ce qu'est le mieux-être. Le langage doit s'articuler autour de concepts holistiques et ne pas se décomposer.
- L'importance de la culture comme fondement du mieux-être. Comment l'utilisons-nous pour orienter nos pratiques et nos services? Elle doit être mise en avant. Les gens cherchent à revenir aux valeurs culturelles comme moyen de retrouver un sentiment de mieux-être. L'esprit et la spiritualité sont également importants — nous revenons alors vers le Créateur et la Création. La culture et l'esprit sont donc extrêmement importants et devraient être au cœur des dispositions législatives sur la santé. Nos concitoyens cherchent également à renouer avec leur identité. L'identité est ancrée dans les communautés et les nations et constitue un élément essentiel des dispositions législatives sur la santé.
- L'accès aux transports en commun a une incidence sur l'équité en matière de santé.
- Les déterminants sociaux de la santé vont au-delà de ce que nous considérons comme la santé dans le monde contemporain. Nous voulons que les dispositions législatives sur la santé ressemblent à cette riche trame, qui englobe toutes les discussions que nous avons aujourd'hui. Rassembler des aspects différents et des contributions exceptionnelles. Tenir compte de nos connaissances ancestrales et de nos apprentissages contemporains.
- Nous avons besoin d'un modèle de soins holistiques, et non d'un modèle médical. Cela inclut l'accès aux cérémonies et aux médicaments autochtones, etc.
- Il faut reconnaître les différentes façons d'envisager la santé – vision plus holistique, équilibre. Il est important d'avoir nos propres méthodes de guérison traditionnelles, il ne faut pas dépendre des soins biomédicaux. La seule façon pour nous de retrouver la santé est d'avoir la possibilité de revenir à notre mode de guérison traditionnel ou d'avoir la possibilité de le faire.
- Nous avons besoin d'une approche plus intégrée pour fournir tous les services de santé à partir de la base, en commençant par utiliser nos façons traditionnelles de faire les choses, comme une voie sacrée.
- Les déterminants sociaux de la santé n'ont jamais été réellement pris en compte dans la pratique médicale occidentale. Ils gagnent en importance, mais le colonialisme ne leur a pas accordé beaucoup de poids. « L'approche de la médecine occidentale s'apparente au magasin de pièces pour votre voiture ». Elle est définie de manière étroite, elle ne prend pas en compte la terre, la spiritualité, les animaux, les plantes, l'eau, les sites sacrés — « perte de toutes mes relations ». La plupart des Autochtones la désignent comme une source de mauvaise santé. Je ne peux même pas aller dans les parcs nationaux, dans certains de mes sites sacrés, je ne peux pas aller faire mes cérémonies traditionnelles ou cueillir mes plantes traditionnelles — on me refuse mon être.
- Les dispositions législatives doivent intégrer les déterminants sociaux, ce qui n'est pas le cas actuellement.
- Soutenir/accroître l'accès aux professionnels de santé autochtones.
- Nous voulons voir les peuples autochtones s'épanouir dans les domaines qu'ils ont choisis [cela donne de l'espoir pour l'avenir], par exemple un dentiste autochtone ici aujourd'hui, voir davantage de peuples autochtones dans le système de santé… montrer des modèles dans les domaines de la santé.
- Les femmes sont au cœur de nos communautés, donc en les soutenant, nous soutenons des nations entières.
- Il faut davantage de professionnels autochtones de la santé mentale, plus particulièrement des psychologues dans nos communautés… Il existe des rôles précis pour les infirmières et les médecins autochtones, mais il est nécessaire de prévoir des rôles pour les psychologues des Premières Nations, des Inuit et des Métis.
- Les professionnels des soins dentaires doivent pouvoir travailler dans les communautés, améliorer le consentement éclairé et accroître l'autonomie.
- Nous avons besoin d'une recherche menée par nous, pour nous. Les normes actuelles sont toutes fondées sur l'approche occidentale, ce qui limite notre capacité à poser des diagnostics.
- Un certain nombre de fournisseurs qui ont dû passer au virtuel. Les fournisseurs du Manitoba se rendaient sur place, mais se sont tournés vers la prestation de services virtuels. Au Nunavut, les fournisseurs ont fait face à de nombreux obstacles dans la prestation de services de soutien. L'infrastructure dans le Nord ne permet pas le soutien à distance… les dossiers médicaux électroniques du Nunavut ne peuvent pas communiquer avec le système du Manitoba, ce qui signifie que les patients qui consultent des fournisseurs au Nunavut et au Manitoba ont des dossiers médicaux différents. Le Nunavut tente de résoudre ces problèmes avec 3 grandes provinces au nom des patients qui ne représentent qu'une petite partie dans ces régions.
- L'accent mis sur la compétence et la sécurité culturelles, domaines où les professionnels de la santé ont des obligations juridiques et morales, fondées sur le consentement éclairé, la reconnaissance des formes de vie autochtones (par exemple, le territoire, la culture), mais pas par bribes. Il est important d'avoir des discussions sur le fait de tenir les professionnels de la santé responsables du racisme.
- Demander des comptes sur la formation des infirmières et des médecins. Les organisations provinciales qui régissent les professionnels de la santé doivent s'assurer que leurs membres offrent des services culturellement sûrs et qu'ils ont reçu une formation adéquate dans les universités et les collèges. Des mesures d'incitation et de soutien doivent être mises en place à cet effet.
Lutter contre le racisme et la discrimination pour garantir un accès sûr aux soins
- Les dispositions législatives doivent comporter certains facteurs de protection contre la haine et le racisme qui existent actuellement dans le système de santé.
- Nous avons besoin de plus qu'une politique fondée sur les distinctions, nous avons besoin d'un changement législatif qui criminalise ce qui est arrivé à Joyce Echaquan. Au minimum, cela peut se faire par l'entremise d'un retrait du droit d'exercer la profession… Cela devrait être envisagé en termes de changement réel du Code criminel (référence au racisme).
- Nous avons besoin de politiques largement répandues pour des environnements culturellement sûrs, et de conséquences graves. Il est important que nous discutions de l'application souveraine de ces politiques.
- Nous continuerons à nous faire soigner dans les centres urbains et à interagir avec le système de santé existant. Nous avons donc besoin d'une politique qui garantisse un environnement sûr pour ce faire.
- Tout ce que je veux, c'est l'accessibilité au système hospitalier pour moi, mes enfants et mes petits-enfants, quand ils le souhaitent.
- Des personnes sont payées pour nous offrir des soins de santé lamentables — cela doit faire l'objet d'une enquête et d'une révision. Nous devons changer cette dynamique et responsabiliser les gens pour aller de l'avant. Si vous êtes un expert en santé publique, pourquoi vous paie-t-on pour laisser tomber les peuples autochtones?
- Dans nos hôpitaux locaux, il y a un agent de liaison qui assure la liaison avec les patients, lorsqu'ils rentrent chez eux, c'est là que certaines choses peuvent se produire. Parce que tout le monde ne peut pas se blesser ou tomber malade pendant les heures de bureau. Demande pour que l'hôpital dispose d'une assistance 24 heures sur 24.
- Les liens entre la stérilisation forcée et le colonialisme, un reflet du racisme et de la déshumanisation systémiques élargies qui sous-tendent la société canadienne. Il existe un lien entre l'absence de consentement à la stérilisation et ce qui se passe avec les territoires autochtones.
- Nous ne pouvons pas perdre de vue la vision élargie, et plus activement, nous ne pouvons pas laisser les gouvernements la perdre de vue. Il faut examiner tous les éléments hors de la médecine occidentale pour résoudre ces problèmes systémiques, car ils existent à l'intérieur et à l'extérieur des dispositions législatives en matière de santé. On ne peut pas s'attaquer au racisme sans reconnaître les raisons pour lesquelles le racisme systémique existe en premier lieu.
- Les dispositions législatives doivent s'attaquer au racisme systémique. Peut-être qu'un ombudsman pourrait être nommé pour les dispositions législatives afin qu'il y ait quelqu'un qui puisse faire quelque chose contre le racisme.
Soutenir les peuples autochtones dans la reconquête de leur souveraineté et les modèles dirigés par les Autochtones
- Ce que nous recherchons, c'est l'affirmation de la souveraineté sans crainte de représailles, d'attaques ou de violence coloniale.
- La ligne de démarcation entre la réserve et l'espace urbain est la figure la plus marquante de notre imagination… l'intentionnalité s'exprime dans le fait que, lorsque nous examinons la souveraineté sanitaire et la souveraineté alimentaire, c'est par rapport à une série de pratiques qui ont érodé cette souveraineté et en pensant vraiment à cet espace, sommes-nous dans la trajectoire des extinctions ou sommes-nous dans la trajectoire de la récupération et de l'affirmation de la souveraineté? Nous n'avons jamais cédé nos droits par rapport à la nourriture. Pourquoi empêchons-nous les gens de manger de la bonne nourriture saine et traditionnelle? Il ne s'agit pas d'une question de sécurité, mais de l'affirmation d'un certain type de style de vie. Le droit à la nourriture autochtone est limité; il existe tous ces obstacles à un mode de vie autochtone sain dans le contexte urbain.
- Nous avons besoin que les Autochtones contrôlent le plus de choses possibles, y compris les médicaments traditionnels.
- La recherche est axée sur l'autodétermination et la justice sociale pour les peuples autochtones, c'est ce que les communautés souhaitent aborder.
- Il peut être important d'avoir des sages-femmes autochtones pour défendre les intérêts de nos clients, tout en fournissant des soins d'une manière qui favorise la souveraineté des peuples autochtones. Dès leur naissance, nos bébés sont entourés de connaissances et de personnes autochtones. La cérémonie de la naissance peut vraiment allumer un feu dans nos communautés… La profession de sage-femme soutient la souveraineté, dès la naissance, l'enfant est entouré par nos peuples, elle aide à promouvoir la connaissance de nos droits, de nos corps, de notre autodétermination.
- La Couronne est incapable de soutenir des modèles de soins innovants en raison de la rigidité des modèles de santé. Le travail de transformation est en cours, mais il revient à la Couronne, à la bureaucratie, etc. Nous pouvons voir l'intention au niveau des représentants élus, mais nous ne la voyons pas être mise en œuvre dans la bureaucratie à l'égard des Premières Nations et des modèles souples.
- Le caractère transférable de ces droits — les droits aux soins de santé dans les traités ne disaient pas que vous deviez rester dans votre réserve. Ces droits vont avec moi, peu importe où je suis. Cela devient une question de discrimination selon moi. On ne dit pas aux non-Autochtones qu'ils doivent retourner dans leur pays de naissance pour avoir accès aux services de santé. Les gens doivent pouvoir avoir accès aux services dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin, là où ils se trouvent. Cette façon de faire est également rentable. Nous pouvons intervenir plus tôt et mettre l'accent sur la prévention et non sur les traitements à long terme.
- La souveraineté des données autochtones devrait être intégrée dans la législation. Il faut également l'inscrire dans la Loi canadienne sur la santé afin d'obliger les provinces et de les empêcher de tirer profit de la situation si elles ne fournissent pas les services.
- Grâce à des dispositions législatives fondées sur les distinctions, nous espérons que les Métis seront davantage considérés comme un groupe unique.
- Nous sommes prêts depuis longtemps à prendre le contrôle de nos systèmes de santé. Quoi qu'il arrive, nous devons garder le contrôle. Nous avons besoin d'un système de santé autochtone idéal qui respecte et équilibre les médecines traditionnelles et la biomédecine. Nous avons des exemples dans le monde entier, dont en Alaska et à Hawaï.
- Les dispositions législatives doivent évoluer en fonction des besoins et des pratiques optimales définis par les peuples autochtones. Qu'il s'agisse de cérémonies de purification par la fumée, d'Aînés ou de tout ce qui peut être inclus dans la prestation de services, c'est ce dont nous avons besoin.
- En tant que femmes et mères, nous devons soutenir nos familles — il faut d'abord donner aux mères les moyens de soutenir les autres. Il ne s'agit pas de sortir les personnes et de les remettre en place, nous avons besoin d'un modèle familial.
- Lors de l'élaboration d'un legs sanitaire fondé sur les distinctions, il faut trouver les cadres qui existent déjà et qui fonctionnent pour les peuples autochtones.
- Se tourner vers la communauté pour définir ce dont elle a besoin — nos communautés savent ce dont elles ont besoin, ce sont elles qui prennent les plus grands risques en entrant dans un service de soins de santé, nous devons les écouter.
- Dans ces dispositions législatives, nous devons récupérer les territoires dans les centres urbains.
- Le Canada doit être à nos côtés pour nous soutenir plutôt que de nous dire quoi faire. Comment les gens peuvent-ils s'occuper de leur corps et s'autogérer, si on nous dit que nous ne sommes pas assez bons, s'il y a encore une façon paternaliste de nous gérer?
- Avec ces dispositions législatives et ces discussions, il est temps de penser à traiter la santé sexuelle et reproductive différemment dans notre pays. Nous utilisons des données incomplètes et des recherches qui ne sont pas menées par des Autochtones, ces données sont celles que nous utilisons pour trouver des solutions et cela ne fonctionnera pas de cette façon. Nous devons penser à changer la façon dont nous fournissons les soins de santé dans ce pays afin de mettre en valeur les points forts de nos communautés et de nos Nations.
- Lorsque nous parlons de dispositions législatives et des besoins des Premières Nations, des Inuit et des Métis, nous devons penser à autre chose qu'à répondre aux besoins des communautés; nous devons ancrer les soins de santé dans nos communautés pour répondre à leurs besoins et promouvoir leur santé et leur mieux-être… nous devons ancrer les solutions dans les communautés et ensuite répondre à ces besoins.
- Dans une pratique traditionnelle, je n'ai jamais eu de rendez-vous qui dure moins d'une demi-heure. Nous nous asseyons avec la famille et nous sommes avec eux. Quand nous jeûnons ou allons dans une maison longue, nous invitons nos patients avec nous. Lorsque nous avons examiné ce modèle de soins, un modèle dont nos Aînés nous ont toujours parlé — vous êtes le remède — nous avons constaté que c'était vrai. Chaque personne impliquée dans ce modèle a été témoin de notre guérison, un modèle qui navigue entre les méthodes occidentales et traditionnelles. C'est ce qui renforce l'autonomie des Autochtones et leur permet de se sentir bien. Nous vivons dans un pays où il n'est pas sécuritaire d'habiter un corps autochtone. Comment avoir confiance alors que la sécurité n'est pas garantie?
- Il est impossible pour moi de me présenter et de dire comment pouvez-vous nous financer en dehors du système des bandes. Le financement est paternaliste, vous vous donnez l'argent à vous-même. Et nous devons demander de l'argent à la bande, qui est une autre branche du gouvernement.
- Chez mon peuple, les Pieds-Noirs, on attribue généralement, mais pas toujours, la cause de la maladie à l'absence d'harmonie et d'équilibre. La maladie peut être attribuée à de nombreuses causes, naturelles, surnaturelles et même taboues. C'est le contraire de la médecine moderne, qui est fondée sur la maladie et attribue la maladie aux microbes et aux virus. Les causes de la maladie sont liées au traitement. Dans la culture des Pieds-Noirs, nous avons nos médicaments et nos systèmes, dont certains étaient pharmaceutiques, spirituels, surnaturels. La société des Pieds-Noirs dispose de médecins qui ont les connaissances et les médicaments pour traiter le patient.
- Je vois une force dans les communautés — la mobilisation des membres des communautés à l'égard de la décolonisation de la santé, par exemple des modèles de prestation souples, capables de répondre aux besoins des peuples autochtones dans les communautés, par exemple la langue, la culture, les services basés sur le territoire.
- Là où nous avons des modèles de prestation souples au Nunavut, ces modèles sont en mesure de répondre aux besoins des peuples autochtones. Des services axés sur le territoire commencent à être proposés dans de nombreux domaines de la santé et du mieux-être. Tous ces éléments sont administrés par des Autochtones et nous permettent de lutter contre le racisme que nous constatons dans les systèmes de santé.
Assurer la responsabilité fédérale et régler les questions de compétence
- Les dispositions législatives doivent résoudre les principes de Jordan et de Joyce, sinon nous tombons entre les mailles du filet.
- [Ne pas s'immiscer dans les rôles des provinces et des territoires], cela montre un gouvernement fédéral qui n'a jamais déclaré de responsabilité en raison de ce partage des compétences, ce qui reflète un certain nombre d'exemples passés, dont la décision Daniels, qui abroge la responsabilité du gouvernement fédéral envers les Métis. Les dispositions législatives doivent aborder les questions de compétence, offrir l'équité dans les services de santé et aborder la question des déterminants de la santé. Il faudrait peut-être examiner comment la Loi canadienne sur la santé permet de dépasser les limites de compétence et comment de nouvelle dispositions législatives peuvent le faire pour garantir la responsabilisation.
- Je n'adhère pas du tout à l'argument de la compétence — cela peut avoir une incidence sur les provinces et devrait en avoir un.
- Combien de temps les communautés consacrent-elles à la défense de leurs intérêts? C'est une telle perte de temps et d'énergie, surtout pour les Nations déjà en difficulté. Les dispositions législatives doivent résoudre ces problèmes, définir les domaines de responsabilité et mettre fin à ces pertes de temps.
- Ces dispositions législatives doivent avoir du mordant, elle doit pouvoir contraindre les gouvernements à agir lorsqu'ils ne le souhaitent pas et combler les lacunes liées aux compétences s'il y a lieu.
- Les dispositions législatives peuvent également nous donner le type de continuité dont nous avons besoin pour le financement et les ressources.
- Normes nationales — Mise en œuvre des principes de Jordan et de Joyce. Nous avons besoin d'une égalité substantielle pour remédier au sous-financement chronique, mais aussi aux écarts en matière de compétence.
- Il faut un libellé explicite concernant le financement — qui finance quoi et comment (le projet de loi C-92 tourne autour du pot). Le Canada n'a pas abordé cette question dans le projet de loi C-92, ce qui a été critiqué par la Cour d'appel du Québec.
- Responsabilité — par exemple, j'approuve l'idée d'un ombudsman mentionnée par Little Bear, y compris pour les provinces, surtout en ce qui concerne les questions de négligence chronique; il faut mettre en place un mécanisme auquel les peuples autochtones peuvent avoir accès pour amener les gouvernements FPT à rendre des comptes.
- Il faut inclure des mécanismes de responsabilisation, des leviers de financement ou des sanctions… Je m'attends à voir des principes de haut niveau, ainsi que des mécanismes permettant de respecter ces principes.
- Il n'y a jamais eu de plan de mise en œuvre [pour des processus antérieurs comme la Commission royale sur les peuples autochtones]; il faut aborder ça dans ces dispositions législatives sur la santé.
- Le courage moral est important, mais pas facile; les dispositions législatives sur la santé devraient le récompenser et le soutenir.
- Le scepticisme doit être intégré dans le processus afin de tenir les gens responsables. La responsabilité est importante.
Suggestions relatives au processus et à l'approche liés à l'élaboration des dispositions législatives
Les peuples autochtones doivent montrer la voie
- Dans les dispositions législatives, les peuples autochtones devraient montrer la voie. Le cas échéant, il y a une façon pour les peuples autochtones de montrer la voie avec le modèle de soins qui fonctionne pour nous, et qui est adapté à la façon dont nous en avons besoin.
- Rien ne se fera pour nous sans nous. L'élément le plus important est d'avoir un siège à la table, et non pas d'être consulté puis laissé de côté, mais d'être assis à la table.
- La vérité, c'est que les voix de nos Aînés et de nos jeunes ne jouent pas un rôle véritable dans la prise de décision réelle… il est temps de nous donner une certaine influence sur ce qui se passe avec notre santé et notre mieux-être.
- En tant qu'Autochtones, nous avons beaucoup à apporter à ce dialogue et à la définition de la santé aux niveaux provincial, territorial et fédéral. Nous devons faire valoir nos connaissances d'une manière influente.
- Nos voix et nos compétences peuvent contribuer à ce processus et aider les législateurs à voir le monde selon notre point de vue.
- Aider les jeunes à savoir ce qui se passe, promouvoir, les jeunes ont des expériences avec la santé et s'ils savent comment ça se passe, ils peuvent partager leur expérience et leurs connaissances.
Accent sur les relations et la diversité
- Le juge Edwards a statué en notre faveur; cela a-t-il sauvé Joyce Echaquan? Cela a-t-il permis de changer le système? Non, parce que c'était la loi, il doit y avoir un changement de relation. Nous sommes au même endroit aujourd'hui, on utilise des méthodes juridiques au lieu de relations respectueuses. On se fie à la loi et aux voies juridiques pour résoudre un problème de relations humaines. Nous avons tous une responsabilité envers ces relations, pas envers la loi.
- Nous avons établi une relation avec la Couronne, mais nous n'avons pas renoncé à notre souveraineté. Si on adopte des dispositions législatives avant d'examiner nos relations par le truchement des traités, aucune disposition législative ne pourra inclure toutes ces relations uniques à travers le Canada. Nous devons mettre l'accent sur la relation qui est au centre et qui n'a pas été établie.
- Mon esprit et mon cœur sont pleins parce que nous parlons de bâtir des relations, avec nous-mêmes, nos ancêtres et nos proches. Des histoires sont racontées pour nous faire avancer. Nos dispositions législatives doivent refléter ces histoires et être élaborées dans cet esprit.
- Les dispositions législatives en matière de santé devraient être guidées par les pratiques des Premières Nations, qui consistent à se réunir et à s'écouter mutuellement.
- L'élaboration de dispositions législatives exige une communication honnête et cohérente.
- Nous devons faire entendre les voix des femmes, des enfants, des personnes bispirituelles. Lorsque nous parlons de dispositions législatives fondées sur les distinctions, nous parlons de distinction de sexe, d'âge, etc.
- Ce processus devra être plus lent.
- Unir tout le monde, rassembler les gens, écouter les jeunes, recueillir les idées afin d'avancer de manière positive; chacun est bon dans quelque chose et a quelque chose à offrir et à contribuer.
- Allez dans les endroits où se trouvent les jeunes — universités et collèges, passez le mot.
- Nous ne pouvons pas nous contenter de parler aux grandes organisations, ou aux organisations régionales. Nous devons aller directement vers les communautés/terres qu'ils espèrent aborder, plutôt que de faire venir les communautés à Ottawa. Les Autochtones ne devraient pas avoir à quitter leur terre, le gouvernement devrait venir à nous.
- De nation à nation — où sont les voix de ceux qui sont sur le terrain, qui font le travail?
- Je n'ai pas entendu suffisamment la communauté, c'est similaire à d'autres consultations gouvernementales — il faut entamer des consultations partout au Canada. Nous devons entendre davantage de voix urbaines et communautaires. Que vous soyez un jeune ou un adulte, ou un Aîné, une personne âgée, un gardien du savoir; que vous soyez en milieu urbain ou dans une réserve, et que vous reconnaissez la diversité des voix dans les communautés. Il ne peut s'agir uniquement de certains membres ou représentants. Il nous faut une autochtonisation, sinon cela nous fera plus de mal que de bien.
- La langue nous enseigne sur des milliers d'années d'histoire et la façon dont les gens ont été en relation les uns avec les autres pendant d'innombrables générations, et c'est ce que nous voulons partager avec les autres.