Résumé de ce que nous avons entendu durant la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain – Mobilisation 2016

Table des matières

Sommaire

Dans le cadre du Budget de 2016, Affaires autochtones et du Nord Canada (AANC) s’est engagé à chercher des façons de renforcer la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain afin de répondre plus efficacement aux besoins des Autochtones vivant en milieu urbain.

Pour respecter cet engagement, AANC a suivi, de juin à septembre 2016, un processus exhaustif de mobilisation qui comprenait notamment des rencontres en personne dans le cadre de 21 tables rondes régionales tenues partout au Canada, un sondage en ligne, des fonds fournis aux organisations autochtones nationales pour qu’elles consultent leurs membres et des discussions ouvertes avec des parlementaires. Les principaux enjeux soulevés portaient sur la nécessité d’avoir des programmes et des services locaux axés sur :

Bien que les principaux thèmes et priorités soient classés en catégories, il est clair que la plupart des défis auxquels sont confrontés les Autochtones vivant en milieu urbain, sinon tous, sont interreliés et ne peuvent être pris en compte que par un seul programme ou service. On a constaté l’appui important accordé à une approche plus holistique de programmes et de services, qui serait adaptée sur le plan de la culture et fondée sur les besoins des personnes et des collectivités.

Des améliorations à la conception et à l’exécution de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain ont également été proposées. Les participants aux tables rondes ont souligné l’importance :

Les tables rondes ont également permis aux participants de présenter des histoires de réussite qui pourraient servir de modèles pour la prestation de programmes et services.

Contexte

La population autochtone est jeune et diversifiée, et près de la moitié (44,6 %) a moins de 25 ans. On prévoit que la population autochtone demeurera le segment de population qui connaîtra la croissance la plus rapide au Canada.

Les raisons pour lesquelles les Autochtones vont vivre dans les centres urbains sont nombreuses, qu’il s’agisse de tirer parti d’occasions d’emplois ou de vivre le style de vie qu’on y trouve. Toutefois, la transition vers la vie urbaine peut être difficile et bon nombre de ceux qui quittent des réserves souvent éloignées et isolées pour vivre dans une ville n’arrivent pas à obtenir le soutien dont ils ont besoin pour réussir cette transition.

Le budget fédéral de 2016 a renouvelé pour une année le financement de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, et Affaires autochtones et du Nord Canada s’est engagé à chercher des façons de renforcer la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain. Pour respecter son engagement, AANC a suivi un processus exhaustif de mobilisation de juin à septembre 2016, comprenant notamment des rencontres en personne dans le cadre de 21 tables rondes régionales tenues partout au Canada, un sondage en ligne, des fonds fournis aux organisations autochtones nationales pour qu’elles consultent leurs membres et deux discussions ouvertes avec des parlementaires. L’information recueillie dans le cadre de ce processus de mobilisation a guidé l’élaboration d’options stratégiques pour le renouvellement des programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain.

Au sujet de ce rapport

Ce rapport rend compte de la diversité des points de vue entendus aux 21 tables rondes et il ne présente pas l’opinion, l’analyse ou l’interprétation d’AANC au sujet de l’information recueillie auprès des intervenants.

Ce rapport présente un résumé des commentaires et opinions reçus des intervenants au sujet des améliorations qui pourraient être apportées à la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain. Les enjeux clés comme :

Tables rondes

Au cours de l’été 2016, AANC a tenu 21 tables rondes en personnes partout au Canada, auxquelles ont participé des représentants des collectivités des Premières Nations, inuites et métisses en milieu urbain, des gouvernements municipaux, provinciaux et territoriaux, ainsi que des organisations offrant des services de première ligne. Des parlementaires ont également été invités à participer. Ces tables rondes ont été conçues pour obtenir une rétroaction sur la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain actuelle et sur la façon dont ses programmes pourraient être améliorés. Pour faciliter les discussions ouvertes, un nombre maximal de 30 intervenants par ville ont été invités à participer.

Les tables rondes ont été tenues aux endroits suivants entre le 20 juin et le 17 août 2016.
Description textuelle d'une carte du Canada qui montre quelles villes les tables rondes ont été menées :
  • Iqaluit (Nunavut)
  • Québec (Québec)
  • Ottawa (Ontario)
  • Toronto (Ontario)
  • Thunder Bay (Ontario)
  • Thompson (Manitoba)
  • Winnipeg (Manitoba)
  • Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)
  • Regina (Saskatchewan)
  • Saskatoon (Saskatchewan)
  • Prince Albert (Saskatchewan)
  • Lethbridge (Alberta)
  • Calgary (Alberta)
  • Edmonton (Alberta)
  • Prince George (Colombie-Britannique)
  • Whitehorse (Yukon)
  • Vancouver (Colombie-Britannique)
  • Val-d'Or (Québec)
  • Saint John's (Terre-Neuve)
  • Halifax (Nouvelle-Écosse)
  • Fredericton (Nouveau-Brunswick)

À chaque table ronde, un résumé du contexte et de l’histoire de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain a été fourni aux participants, ainsi que les raisons qui motivent la tenue des tables rondes, ainsi que, le cas échéant, les principaux points de discussion aux autres tables. Les participants aux tables rondes ont également été invités à soumettre des présentations écrites.

Les questions suivantes ont servi à guider les discussions :

  1. Quels sont les principaux enjeux auxquels sont confrontés les Autochtones qui vivent en milieu urbain ou s'établissent dans un centre urbain?
  2. Quels sont les besoins des Autochtones vivant en milieu urbain auxquels les services actuels du gouvernement ou d'autres organismes répondent?
  3. Pouvez-vous nous donner un exemple de programme ou de service offert avec succès dans un centre urbain qui vous a été utile?
    1. Qu'est-ce qui explique son succès?
    2. À quel besoin a-t-il répondu?
  4. Quels sont les principaux obstacles qu'il faut immédiatement éliminer afin de pouvoir répondre aux besoins des Autochtones vivant en milieu urbain?
  5. Quelles sont les lacunes des programmes d'aide aux Autochtones vivant en milieu urbain existants?
  6. Sur quels éléments devrait-on axer les programmes et les services destinés aux Autochtones vivant en milieu urbain? Pourquoi?

Ces questions ont permis de guider les discussions, mais les conversations ont été fluides et ont porté sur un vaste éventail de sujets, débordant fréquemment les limites de ces six questions. C’est pourquoi, au lieu de fournir des réponses à des questions distinctes, les participants ont axé leurs commentaires sur quatre grandes catégories :

Résumé de ce que nous avons entendu

Le financement de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain a été affecté à des programmes et services visant à encourager la participation à l’économie de la population autochtone en milieu urbain. Les participants aux tables rondes ont préconisé un mandat plus large pour prendre en compte, entre autres choses, le besoin pour des programmes sur les langues et la culture, l’aide au logement et les services de santé mentale et de toxicomanie. Selon les participants, ces programmes et services de base élargis sont nécessaires pour aider les gens à atteindre le bien-être émotionnel et à acquérir les compétences de vie nécessaires pour trouver du travail et poursuivre leur voie. Les participants estimaient qu’au bout du compte, mettre l’accent sur ces éléments de base favoriserait une participation accrue à l’économie.

Grands thèmes

Les participants ont souligné l'importance de mettre les programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain dans le contexte des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation et des principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Ils ont recommandé qu'AANC réponde aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation en finançant des programmes qui contribuent à prendre en compte les déterminants de la santé des personnes autochtones vivant à l'extérieur des réserves et de veiller à ce que des services équitables soient fournis à toutes les populations autochtones à l'extérieur des réserves.

La population autochtone en milieu urbain

Il est largement connu que plus de 60 p. cent de la population autochtone vivent de nos jours dans des centres urbains. Cette population est diversifiée et mobile. Dans les grandes villes comme Toronto, Edmonton et Vancouver, la population autochtone provient de partout au Canada de même que de l'étranger. L'un des défis des grands centres urbains est qu'il n'y a pas de communauté autochtone bien définie qu'une langue ou des traditions communes contribuaient à réunir. Certaines familles vivent dans des villes depuis deux ou trois générations; il existe une classe moyenne autochtone en croissance, dont de nombreux membres ont peu de liens avec leur communauté d'origine.

Les participants ont souligné que la catégorisation « à l'intérieur » ou « à l'extérieur » des réserves des Premières Nations ne reflète pas la nature mobile de la population. Les gens se déplacent entre leur communauté d'origine dans une réserve et une ville pour une variété de raisons, mais la plupart continuent de s'identifier à leur communauté d'origine.

Définition de « urbain »

On a dit qu'il pourrait être plus approprié d'utiliser le terme « centre de services », en particulier dans le Nord. Selon la définition actuelle de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, un « centre urbain » est fondé sur la taille de la population, tandis que le « centre de services » renvoie à un endroit où les gens se rendent pour obtenir des services, comme des soins de santé ou des services d'éducation. Un certain nombre de villes fournissent une variété de services aux collectivités avoisinantes ou aux régions plus éloignées dans ces provinces, notamment :

  • Prince George (Colombie-Britannique)
  • Prince Albert (Saskatchewan)
  • Thompson (Manitoba)
  • Val-d'Or (Québec)
  • Happy Valley-Goose Bay (Labrador)

La même chose est vraie dans les territoires pour les villes d'Iqaluit, de Yellowknife et de Whitehorse.

Racisme et discrimination

Le racisme et la discrimination étant encore courants dans de nombreuses villes partout au Canada, contrer le racisme devrait être une priorité. On favorise grandement la sensibilisation à l'histoire et aux contributions des Autochtones à la société canadienne, et cela est particulièrement important auprès des nouveaux Canadiens.

On a suggéré que les non-Autochtones tendent la main à la communauté autochtone. Les organisations de services non autochtones pourraient jouer un rôle important en sensibilisant et en éduquant les gens au sein de leurs collectivités au sujet des enjeux complexes auxquels sont confrontés les Autochtones en milieu urbain et en recommandant l'embauche d'Autochtones.

Programmes et services locaux

Les participants étaient en faveur d'un financement permanent, stable et souple pour les organisations de prestation de services afin de leur permettre d'offrir des programmes et des services efficaces au nombre toujours croissant d'organisations urbaines et à la population autochtone croissante qui vit dans les villes.

Soutien à la transition

Les participants ont souligné que les Autochtones déménageaient vers les centres urbains pour diverses raisons :

  • pour fréquenter un établissement d'enseignement
  • fuir la violence familiale
  • obtenir des services de santé
  • lorsqu'ils sortent de prison

Ces différents groupes de personnes ont besoin de services de soutien différents et un endroit accueillant et sécuritaire où se réunir. Les participants ont réclamé la création de centres de transition et de soutien à la vie urbaine dont les Autochtones connaîtraient l'existence. On a suggéré que les villes établissent un point central d'entrée pour les Premières Nations, les Inuit et les Métis, comme cela se fait pour les nouveaux immigrants au Canada. Voici des exemples de services de soutien qui pourraient être offerts dans ce type de centre :

  • services d'orientation
  • lieu de rencontre sociale
  • centre culturel
  • acquisition de compétences
  • programmes récréatifs
  • information sur les programmes disponibles dans la région

L'une des stratégies proposées par certains participants pour créer de tels centres serait de réinvestir dans les centres d'amitié afin qu'ils puissent devenir de tels points d'entrée. D'autres ont proposé que les villes élaborent une vision et mettent en œuvre des stratégies à long terme pour fournir des services de transition et d'autres services dans le cadre de leurs services municipaux.

Des participants ont souligné que le fait que de nombreux Autochtones n'aient pas de pièces d'identité ou de permis de conduire était l'un des principaux obstacles à une transition réussie. On a suggéré que chaque centre urbain fournisse des services de soutien aux Autochtones pour les aider à acquérir une pièce d'identité ou un permis de conduire. Cela faciliterait l'accès aux programmes et services dont ils ont besoin, ainsi qu'à des occasions d'éducation et d'emploi.

Culture et langue

Les participants ont insisté pour dire qu'une solide identité culturelle était la base de la guérison et de la réconciliation. On a souligné que l'accent mis sur la participation à l'économie par l'actuelle Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain ne tenait pas compte de l'importance d'une solide identité et fierté culturelles comme base permettant à quelqu'un de participer à l'économie. On a proposé qu'une Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain renouvelée permette les programmes culturels parce que ceux-ci contribuent à renforcer l'identité individuelle.

Les programmes axés sur les traditions et la culture sont jugés essentiels au bien-être de tous les Autochtones. L'éducation culturelle est une étape importante pour accroître la sensibilisation, les connaissances et la compréhension. Les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis doivent connaître et comprendre leur identité culturelle. Des participants ont souligné que la perte de la culture est le produit de nombreuses pratiques du passé, comme le fait d'imposer aux enfants autochtones des écoles où l'on ne parlait pas leur langue.

Les participants ont souligné que l'histoire des Autochtones devrait faire partie des curriculums enseignés dans les écoles parce qu'elle permet de renforcer les connaissances et d'améliorer la sensibilisation auprès des non-Autochtones. Des établissements d'enseignement ont souligné qu'un éventuel curriculum autochtone devait être élaboré par des Autochtones.

Les participants ont parlé du nombre d'enfants pris en charge qui pourraient bénéficier d'un accès à des programmes culturels. On recommande d'assurer une meilleure sensibilisation aux Autochtones et aux enjeux autochtones dans les régions urbaines, notamment au moyen d'ateliers en salles de classe destinés aux enfants. On a suggéré que l'idéal serait d'offrir des occasions aux enfants de différentes cultures de jouer ensemble et d'apprendre les uns des autres. Les programmes culturels et linguistiques destinés aux jeunes devraient comprendre des activités récréatives et des programmes axés sur le retour à la terre dans le cadre desquels on enseignerait les compétences traditionnelles, pour permettre aux jeunes de se reconnecter à la terre et aux valeurs traditionnelles. Des types de programmes similaires devraient également être offerts aux personnes qui ont été incarcérées afin de les aider à rétablir leur identité culturelle. Les participants ont souligné qu'il était crucial que les intervenants et les autres travailleurs de première ligne comprennent les besoins des Autochtones.

Malgré que les Autochtones continuent de migrer de leurs collectivités autochtones vers les centres urbains, certains Autochtones vivent dans des centres urbains depuis plusieurs générations et n'ont jamais vécu dans leur communauté d'origine. La création de programmes qui prennent en compte les traditions et les cultures autochtones et qui offrent des occasions de communiquer avec les autres est cruciale si l'on veut améliorer la capacité des Autochtones en milieu urbain de relever les défis dans leur vie, que ce soit sur le plan social, culturel ou économique.

Les participants ont proposé de mettre en place un soutien financier pour la coordination et l'organisation de projets linguistiques. La langue crée un lien entre les jeunes et les plus âgés et forme la base de leurs traditions et pratiques culturelles. Les aînés jouent un rôle clé dans l'établissement de ce lien entre les Autochtones.

Garderies et garde d'enfants

De nombreuses jeunes familles autochtones vivent dans des environnements urbains, y compris des familles monoparentales ou des familles où les parents commencent une nouvelle carrière ou étudient. L'accès à des services de garderie et de garde d'enfants abordables est jugé essentiel à la réussite de ces familles. Il arrive que des parents qui étudient soient forcés de laisser leur place en garderie lorsqu'ils retournent dans leur communauté pour l'été.

Soutien aux familles

On souligne que la création d'un réseau de soutien en milieu urbain pour les familles qui reçoivent des services à l'enfance et à la famille partout au Canada est un élément important d'un système de soutien en milieu urbain. Les participants ont demandé la mise en place d'une stratégie particulière pour réduire les crises familiales et le nombre d'enfants pris en charge. Parmi les solutions, on compte la prestation d'une vaste gamme de programmes et de services pour soutenir les familles autochtones vivant dans des centres urbains. La clé de la réussite de toute intervention dans une famille serait la capacité de fournir des services adéquats sur le plan culturel et un accès à des services de traduction en langue autochtone. Le financement affecté au perfectionnement professionnel et aux mesures de soutien à ceux qui travaillent dans le système d'aide à l'enfance devrait être augmenté. Cela permettrait notamment de fournir une formation sur les réalités culturelles, en particulier aux travailleurs de soutien non autochtones, et sur la façon d'intervenir dans les situations de traumas intergénérationnels.

Programmes destinés aux jeunes

Les participants estimaient que pour bâtir des collectivités durables dans l'avenir, les jeunes devraient être mobilisés dès leur jeune âge. Et, plus important, les jeunes devraient participer à l'élaboration des programmes et des services qui visent à répondre à leurs besoins et aspirations. On a suggéré de mettre sur pied un conseil des jeunes pour veiller à ce que leur point de vue soit pris en compte dans l'élaboration et la mise en œuvre des futurs programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain. Les jeunes Autochtones composent le segment de population qui croît le plus rapidement au pays et ils sont plus nombreux à faire des études postsecondaires.

Les participants ont demandé qu'un financement soit affecté spécialement à des projets axés sur les jeunes. Parmi les exemples de projets, on compte

  • les programmes de mentorat et d'encadrement
  • les programmes qui font la promotion de la réussite auprès des jeunes
  • les forums qui présentent des modèles d'identification autochtones
  • des programmes sur le leadership, les occasions d'emplois et l'entrepreneuriat.

Les jeunes de la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre, allosexuelle et bispirituelle (LGBTQ2) ont également besoin de mesures de soutien particulières.

On s'entendait pour dire qu'il faut fournir des services de soutien aux étudiants des écoles secondaires et des établissements universitaires qui déménagent dans une ville pour faire des études, ainsi qu'aux jeunes qui sont à la recherche d'un emploi. Nombreux sont ceux qui vivent de façon indépendante pour la première fois, sans le soutien de leur famille et de leurs amis, et qui tentent de s'adapter à leur nouvel établissement d'enseignement et à leur nouvelle vie urbaine. Trop souvent, ils passent entre les mailles du filet parce qu'ils sont laissés à eux-mêmes, avec peu de ressources ou de contacts dans la ville qui pourraient les aider. Le soutien au logement des étudiants à l'échelle locale et les mesures de soutien à la transition sont des exemples de programmes et de services pour les jeunes.

De nombreux participants craignent que le passage à une nouvelle initiative nationale ait des répercussions sur les initiatives existantes qui sont destinées aux jeunes. Plusieurs craignent que leur fermeture, même pendant une courte période de temps, ait des répercussions négatives sur la confiance qui s'est installée auprès de leur clientèle de jeunes, et qu'il faille des années pour rebâtir cette confiance.

Programmes destinés aux aînés et aux personnes âgées

Les participants ont souligné qu'il n'y avait pas de programmes destinés aux aînés et aux personnes âgées. L'idéal serait de créer des lieux où ils pourraient rencontrer d'autres Autochtones et accéder aux programmes dont ils ont besoin. De plus, en ville, il y a peu d'occasions pour les Autochtones d'accéder à des services donnés par des aînés. La participation des aînés à la prestation des programmes et services a été jugée importante.

Soutien à l'éducation

Pour favoriser la réussite des élèves, il faut plus de programmes et de services destinés aux jeunes et aux enfants, notamment dans les écoles locales afin d'aider les étudiants à demeurer sur les bancs d'école jusqu'à l'obtention de leur diplôme. Il faut des programmes qui aident les élèves à faire la transition des collectivités avoisinantes vers les centres de services urbains.

Les participants ont proposé de construire des résidences dans lesquelles les étudiants autochtones pourraient habiter et être en sécurité pendant qu'ils fréquentent leur école. Des mesures de soutien devraient être fournies à la résidence et comprendre notamment des programmes culturels. Le Grand Conseil de Prince Albert, par exemple, a fait d'importants investissements dans le logement des étudiants en polytechnique. Les logements étaient offerts à tous les étudiants, mais la priorité a été accordée aux Autochtones. Des services de garde étaient également disponibles.

À Thunder Bay, on a suggéré qu'une résidence soit construite à l'extérieur de la réserve où les jeunes pourraient habiter pendant qu'ils fréquentent un établissement d'enseignement ou cherchent du travail. Les jeunes pourraient également recevoir le soutien d'aînés, du mentorat et du perfectionnement éducationnel afin d'accroître leurs capacités en mathématique et en lecture et écriture.

Soutien à l'emploi

Les participants ont souligné le besoin pour des programmes de formation et d'apprentissage à l'extérieur des réserves afin de diminuer la pénurie de main-d'œuvre compétente dans les métiers (plombiers, électriciens, soudeurs, grutiers, maçons, menuisiers et hygiénistes dentaires). Par contre, en raison des faibles niveaux de littéracie et d'instruction, ainsi que du manque d'accès à des occasions de formation, il est difficile pour les élèves autochtones de faire carrière dans un métier. Les participants ont proposé que d'autres façons d'amener les jeunes et jeunes adultes à faire l'apprentissage d'un métier, en particulier ceux qui n'auraient pas les qualifications requises, soient financées.

Les participants ont souligné qu'il existait un besoin pour des programmes qui procurent de la formation en cours d'emploi ou sur des compétences essentielles, en partenariat avec des entreprises. Les programmes de préparation à l'emploi sont importants et il faut établir des liens avec les employeurs pour favoriser les occasions d'emploi ou de démarrage d'entreprises.

Les idées proposées par les participants pour favoriser la transition des jeunes vers le marché du travail comprenaient notamment un programme de mentorat et un programme d'apprentissage ou de formation en cours d'emploi. Un soutien pourrait également être fourni aux employeurs qui participent à ce type de programme afin qu'ils puissent contribuer à la transition des jeunes de l'école vers une carrière. On a souligné que les jeunes diplômés avaient peu d'occasions de travailler, et que les programmes de formation ne devraient pas fonctionner sans que des possibilités d'emplois soient offertes.

Construction d'infrastructures

De nombreux participants ont dit qu'il fallait investir dans les infrastructures, y compris les infrastructures matérielles dans les régions urbaines. Il n'y a eu aucun investissement dans la construction des bâtiments et des locaux nécessaires pour fournir des programmes et des services aux Autochtones en milieu urbain. Toute nouvelle approche en matière de programmes doit être ouverte à l'investissement dans les projets d'immobilisations. Selon les participants, les principaux investissements requis doivent permettre d'augmenter le nombre de places en garderie et de lieux de rencontre.

Transport

Les participants ont parlé d'une diversité de problèmes de transport qui limitent les personnes provenant d'une région éloignée ou nordique, notamment :

  • la complexité des déplacements dans les grandes villes
  • les défis associés aux déplacements coûteux et fréquents qui sont nécessaires pour accéder aux programmes ou services

On a souligné que pour les futurs programmes, on devrait réfléchir à la possibilité d'un financement souple pour permettre l'élaboration d'initiatives visant à prendre en compte les problèmes de transport. De plus, le financement du transport devrait être considéré comme une dépense admissible.

Logement et itinérance

La majorité des participants s'entendaient pour dire que l'itinérance est un enjeu complexe qui ne peut être réglé par un seul programme. Par conséquent, il est nécessaire d'avoir une stratégie intégrée pour s'attaquer à ses causes fondamentales. On a souligné que les organisations doivent commencer à travailler ensemble afin de mieux associer les mesures de soutien à la vie aux structures de logement, les types de logements actuels ne correspondant pas tous aux besoins des Autochtones vivant dans les villes.

Les participants ont également fait remarquer que les nouveaux programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain devraient répondre aux besoins ciblés par les collectivités elles-mêmes, compte tenu du fait qu'il est difficile d'offrir une solution unique au problème de l'itinérance. Des programmes comme Logement d'abord, qui aide les personnes à trouver un nouveau logement dans un quartier sécuritaire, jouent pour les gens le rôle de tremplins vers la réalisation de progrès.

Les participants ont insisté sur le manque de logements abordables et disponibles, ce qui mène à une augmentation des problèmes sociaux en raison du surpeuplement des logements. On souligne la difficulté des jeunes mères avec enfants et des jeunes adultes à se trouver un logement. Parmi les autres problèmes, on note les suivants : le manque de logements à court terme pour les personnes qui ont besoin de traitements médicaux, ainsi que le manque de logements de transition, en particulier pour les personnes qui viennent de terminer un programme de désintoxication ou de sortir de prison; l'expulsion de logements en raison de problèmes de dépendance; et le surpeuplement.

Les relations avec les propriétaires et l'information des Autochtones au sujet de leurs droits en tant que locataires sont des domaines où des intervenants en logement pourraient apporter leur aide. Les participants ont souligné que les gens arrivent dans une ville, cherchent un logement, signent un bail puis finissent par rompre leur bail parce qu'ils ne réussissent pas à trouver du travail dans les deux ou trois premiers mois suivant leur arrivée et ne peuvent donc plus payer leur loyer. Ils ont confirmé qu'il existait encore un besoin pour de la formation sur les compétences de vie chez certains membres de la population autochtone, notamment des cours de numératie et de littéracie, de même que sur les droits et responsabilités des locataires et des propriétaires.

Il faudrait établir dans chaque région urbaine un groupe de travail qui examinerait les occasions favorables et les problèmes en matière de logement. On a proposé que les programmes renouvelés prévoient des investissements dans la création de groupes de travail ayant l'expertise requise pour examiner et régler ces questions. On a également recommandé la mise en place de services d'orientation en matière de logement en milieu urbain.

Services de santé mentale et de traitement des toxicomanies

On a souligné que les répercussions des pensionnats indiens et d'autres traumatismes intergénérationnels connexes demeuraient la cause profonde de problèmes de santé mentale et de toxicomanie, des défis auxquels est confrontée une proportion importante d'Autochtones vivant en milieu urbain. De nombreuses histoires ont été racontées sur le manque de praticiens de la santé mentale et sur le besoin d'avoir des modèles de guérison et des services axés sur la culture et la terre. Certains ont affirmé que l'insuffisance du soutien menait à de nombreux autres problèmes, comme le chômage, l'itinérance et le suicide.

En ce qui concerne les toxicomanies, on a dit qu'il fallait un plus grand nombre de centres de traitement, de services, de suivi post traitement et de programmes de suivi dans les régions urbaines. Lorsque les traitements sont terminés, il n'y a bien souvent aucun suivi pour appuyer le retour dans la société.

Il faut plus de conseillers pour les problèmes liés à des traumatismes, y compris des services aux enfants qui ont été témoins d'abus, ainsi que, au besoin, de conseillers spécialisés dans les abus sexuels chez les enfants.

On estime qu'accroître l'accès à des services en santé mentale et de toxicomanie sécuritaires et adaptés sur le plan culturel est un investissement qui permet de s'attaquer également à de nombreux autres défis auxquels les Autochtones sont confrontés. De nombreux participants s'entendaient pour dire qu'il est important d'investir directement dans des organisations pouvant améliorer l'accès à des services de santé mentale pour les Autochtones, dans le cadre d'approches coordonnées et stratégiques.

Les participants ont souligné la nécessité d'avoir des programmes s'adressant en particulier aux Premières Nations, aux Inuit ou aux Métis et qui établissent un lien avec les collectivités. Les programmes de prévention du suicide devraient être élaborés par la communauté et fournis localement. Trop souvent, des spécialistes de l'extérieur arrivent dans des petites collectivités isolées pendant une crise et ne restent que quelques semaines. Il faut une approche plus large de la guérison, qui met l'accent sur la place de la personne dans la communauté et qui fournit un continuum de mesures de soutien tout au long des différentes étapes du processus de guérison. Intégrer les clients au système est un défi et, une fois qu'ils y sont, cela peut prendre jusqu'à six mois avant qu'ils ne voient un spécialiste. On a souligné que plusieurs grands centres urbains étaient des milieux multiculturels et qu'il faudrait offrir des possibilités d'intégrer de nouveaux concepts et activités fondés sur les traditions autochtones en matière de guérison et de bien-être.

Soins de santé

Les participants ont examiné les soins de santé comme maintien ou amélioration de la santé grâce au diagnostic, au traitement et à la prévention des maladies, des blessures et autres troubles physiques ou mentaux. La prestation de soins de santé est compliquée en raison du nombre de fournisseurs qui participent aux soins, qu'il s'agisse de médecins, d'adjoints médicaux, de dentistes, de sages-femmes, d'infirmières, d'optométristes, de pharmaciens, de psychologues et autres. On estime que des programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain visant à aider les gens à naviguer dans ce système complexe pourraient avoir des retombées. Pour les participants, obtenir des soins de santé est l'une des principales raisons pour lesquelles de nombreux Autochtones se rendent puis demeurent dans un centre urbain.
Aider les organisations à fournir des programmes et des services visant à améliorer l'accès au système de santé est un investissement judicieux. Guider les Autochtones provenant de leur collectivité dans le système des hôpitaux des centres urbains est perçu comme un moyen d'améliorer l'accès et la qualité des soins.

Soutien juridique

Les participants ont affirmé qu'il fallait mettre sur pied des mesures de soutien juridique pour aider les Autochtones qui ont des démêlés avec la justice. Par exemple, des détenus autochtones demeurent incarcérés en raison du peu de soutien qui leur permettrait de satisfaire aux exigences relatives aux mises en liberté conditionnelle. Des services comme de l'aide à l'acquisition de compétences de vie et du counseling d'emploi pour favoriser le retour à la vie en société après une incarcération devraient être offerts. Des organisations comme les sociétés John Howard ou Elizabeth Fry ont reconnu que leur clientèle autochtone avait augmenté et elles ont exprimé le souhait de répondre aux besoins culturels de leurs nouveaux clients et de chercher à améliorer leurs services.

Les familles autochtones ont également besoin d'être guidées dans le système de justice lorsque les enfants sont pris en charge ou lors d'une séparation. Selon certains participants, le racisme institutionnel demeure un obstacle. Pour s'y attaquer, les participants ont proposé que les intervenants en justice soient sensibilisés aux réalités culturelles et que plus d'efforts soient faits pour encourager un plus grand nombre d'Autochtones à travailler dans le système judiciaire.

Les participants provenant de régions nordiques ont parlé des défis particuliers du système judiciaire. Par exemple, dans les Territoires du Nord-Ouest, si une personne est amenée à Yellowknife pour subir un procès et qu'elle est jugée non coupable, elle devra payer son transport pour rentrer chez elle. La réintégration des délinquants dans les petites collectivités tricotées serrées soulève également certains défis. Un soutien accru à des solutions de rechange ou à des initiatives de justice réparatrice pourrait être utile dans de tels cas.

Conception et prestation

Accès à un financement de base et pluriannuel

La grande majorité des participants s'entendaient pour dire que le cycle actuel d'un an pour le financement des programmes représentait d'importants défis pour les petites organisations de prestation de services sans but lucratif qui manquent de capacité en gestion de trésorerie, et que cela nuit également à l'embauche et au maintien en poste d'employés qualifiés.

Il existe un besoin pour du financement de base et pluriannuel pour permettre la planification à long terme et l'innovation. De nombreuses organisations autochtones sans but lucratif ont le potentiel requis pour gérer la prestation de services à long terme, mais elles n'ont pas la capacité ou les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de la population autochtone qui est en croissance. Les participants ont également recommandé qu'un financement de base soit fourni pour permettre de coordonner les partenariats entre les organisations de prestation de services autochtones et non autochtones et les gouvernements.

On a souligné que le gouvernement fédéral devrait assumer de nouveau la responsabilité d'administrer la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain jusqu'à ce qu'il ait décidé de la meilleure approche à suivre en matière de gestion et de prestation. Les participants ont affirmé qu'un processus de reddition de comptes doit être en place pour les organisations qui reçoivent des fonds à allouer à la communauté, et pour les divers ordres de gouvernement, y compris les gouvernements autochtones.

Être inclusif sans perdre sa spécificité

Les participants ont convenu qu'il était important que les Inuit, les Métis et les membres des Premières Nations aient un accès égal aux fonds et aux services fournis dans le cadre des programmes. Un certain nombre de participants inuits ont affirmé qu'ils n'ont généralement pas accès aux services de certaines organisations qui n'offrent de services qu'aux Premières Nations et aux Métis. On s'entendait également généralement pour dire qu'il était important d'inclure tous les Autochtones, mais que cela ne devait pas être une exigence de financement. Les Inuits et les Métis ont souligné qu'ils souhaiteraient voir mise en place une approche plus axée sur les distinctions. Dans certains cas, les organisations de Premières Nations, inuites et métisses pourraient vouloir élaborer des programmes et des services pour répondre aux besoins culturels particuliers de leurs collectivités. Des participants ont dit craindre qu'un financement axé sur les distinctions ne diminue l'enveloppe de financement, en particulier si les collectivités et les organisations politiques y ont un meilleur accès.

Une stratégie pour les milieux urbains nordiques

Les participants des tables rondes dans le Nord ont souligné que, dans le Nord, on ne pouvait pas vraiment tirer profit du financement offert dans le cadre de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain parce qu'il n'existait pas de liens antérieurs à l'égard du programme et que l'établissement de tels liens prend du temps (la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain a eu une présence très limitée dans le Nord avant 2014). On a suggéré que l'on réfléchisse à la possibilité de mettre en place un élément « nordique » dans le cadre du financement renouvelé des programmes et services afin de répondre aux besoins particuliers des collectivités autochtones nordiques. Les participants ont dit qu'un investissement initial permettrait d'augmenter la capacité des collectivités nordiques à cibler les besoins et à planifier la mise en place d'infrastructures de prestation efficaces. Les nouvelles modalités des programmes devraient continuer de permettre la mise en œuvre d'une perspective nordique et permettre aux collectivités d'élaborer des stratégies et des initiatives communautaires.

On a suggéré d'investir dans les infrastructures nordiques afin de pouvoir loger les spécialistes nécessaires et leurs bureaux. Il existe également un besoin pour une vision différente de ce qu'« urbain » signifie dans le Nord. La question de l'isolement est un défi dans le Nord en raison de l'absence d'un accès Internet à large bande, ce qui, notamment, limite l'accès à l'éducation.

Programmes propres aux Inuits

Les participants ont parlé du besoin de financer des programmes et des services destinés tout particulièrement aux Inuits. On a également souligné que les Inuits devaient participer à l'élaboration des programmes, que ce soit dans le cadre d'un groupe de travail ou d'une initiative distincte propre à eux. Tout changement apporté à la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain doit faire en sorte que tous les groupes autochtones participent à diverses tables et aient un accès égal aux possibilités de financement.

Centres d'amitié

Les participants ont reconnu que les centres d'amitié avaient besoin de plus de ressources et de fonds, notamment des fonds pour améliorer leurs infrastructures, et la capacité d'étendre leurs programmes et services.

Des représentants des centres d'amitié ont dit que le fait que l'Association nationale des centres d'amitié soit l'agent de prestation de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain avait, dans certains cas, divisé la communauté puisque les organisations locales devaient se faire concurrence pour accéder à une même enveloppe de financement.

Un centre de services destinés aux Autochtones

Les participants ont souligné la nécessité de soutenir tous les Autochtones en milieu urbain en établissant des mécanismes de « triage urbain ». Un tel triage est fondé sur la disponibilité d'employés qualifiés et compétents qui peuvent répondre aux besoins des personnes et des familles dans un lieu sûr et qui peuvent les guider vers des organisations pouvant offrir les programmes et mesures de soutien dont ils ont besoin. Le triage urbain pourrait se faire en créant un lieu central connu où l'on offrirait des services d'orientation et qui jouerait un rôle clé en veillant à ce que le personnel des organisations de services ait les connaissances et les compétences culturelles requises.

Dans certains plus petits centres urbains, les participants ont recommandé que tous les services soient centralisés dans une même organisation parapluie, dans un centre multifonctionnel. Cela procurerait plus d'anonymat aux personnes qui souhaitent obtenir des services de santé mentale et de traitement des toxicomanies. Cela contribuerait également à renforcer l'approche globale de guérison et de bien-être et les interrelations entre les programmes et les services.

Dans les plus grands centres urbains, les participants ont souligné qu'il pourrait être plus approprié d'établir des centres de services dans différentes parties de la ville ou même dans des collectivités éloignées ou plus petites afin de faciliter l'accès aux programmes et services. La mise en place d'un centre virtuel pourrait être une autre option permettant de fournir une présence Web pour obtenir du soutien, en particulier pour les jeunes.

En plus de fournir des services de soutien et d'orientation, il a été proposé que soit créé un lieu de rencontre central où les personnes et les familles de tous les milieux pourraient se rencontrer dans le cadre d'activités culturelles et récréatives, et recevoir une gamme de programmes et de services pour les aider à conserver leur identité culturelle et favoriser leur intégration à la communauté élargie des Autochtones vivant en milieu urbain.

Le centre de services devrait accueillir tous les membres des Premières Nations, les Inuit et les Métis, peu importe leur communauté d'origine. Il a été suggéré qu'il y ait parallèlement à cela des lieux axés sur des cultures particulières. On a souligné que des types de programmes et de services similaires étaient actuellement offerts aux nouveaux Canadiens.

Connaissances et recherche

Les participants ont dit avoir besoin de plus de données sur la population autochtone vivant en milieu urbain et ses besoins particuliers. Une telle information servirait à améliorer les prises de décisions et la détermination des besoins futurs en matière de programmes. Les participants ont également dit vouloir comprendre pourquoi les gens quittaient leur communauté pour vivre dans des centres urbains, et si de meilleurs programmes dans les réserves permettraient d'atténuer le besoin de partir.

Les participants s'entendaient pour dire que l'on manquait de données statistiques sur la population autochtone mobile en milieu urbain, et qu'il était nécessaire d'avoir une nouvelle approche en matière de collecte de données, tant en ce qui concerne la recherche qualitative que quantitative. Cette recherche devrait être organisée à l'échelle locale. Il existe également un besoin pour un inventaire des ressources offertes dans le cadre des programmes et des services dans les domaines de la santé, des services à l'enfance et à la famille, de la justice et de l'emploi afin de cibler les lacunes de chacun des centres urbains. Cela devrait inclure les programmes autochtones, fédéraux, provinciaux et municipaux.

Les participants ont souligné qu'il se faisait beaucoup de bon travail au niveau communautaire partout au pays. Il est important de célébrer les réalisations des personnes et des organisations qui travaillent à améliorer la vie des Autochtones vivant en milieu urbain. Les participants ont recommandé qu'il y ait un soutien aux rencontres nationales afin de permettre aux fournisseurs de services autochtones et aux autres intervenants d'échanger au sujet des pratiques exemplaires. On devrait également faire une analyse de la contribution économique de toutes les organisations autochtones au Canada. À Vancouver, par exemple, les organisations autochtones injectent un milliard de dollars à l'économie locale.

Leadership autochtone

Les dirigeants autochtones devraient mieux participer aux questions qui concernent les Autochtones vivant en milieu urbain et tous les gouvernements devraient travailler en collaboration avec des fournisseurs de services locaux pour s'assurer qu'ils répondent aux besoins de tous les Autochtones en milieu urbain. Des relations avec les organisations politiques devraient être construites au niveau des collectivités, au besoin, et établies au rythme des collectivités.

Les participants ont dit qu'il fallait exiger plus de reddition de comptes de la part des gouvernements autochtones. On a souligné que les lettres de mandats de tous les ministres fédéraux parlaient du rétablissement d'une relation de nation à nation et soulignaient l'importance de cette relation pour le gouvernement. Les organisations autochtones en milieu urbain doivent participer à cette approche « de nation à nation » lorsqu'elles travaillent avec les gouvernements autochtones et le gouvernement canadien. Les participants ont également dit que le concept de « nation à nation » dans un environnement urbain n'avait pas été défini et avait toujours soulevé des difficultés.

On a souligné que les chefs et les conseils de Premières Nations représentaient leurs membres peu importe leur lieu de résidence. Ils ont à présent besoin de la capacité et des ressources nécessaires pour veiller à ce que leurs membres reçoivent les programmes et services dont ils ont besoin. En raison de la réduction du financement fourni aux conseils tribaux, qui sont pour la plupart situés dans des collectivités urbaines, de nombreuses Premières Nations ne sont plus en mesure d'aider leurs membres dans les régions urbaines ni de défendre leur cause.

On a recommandé notamment que le gouvernement fédéral établisse un caucus autochtone qui jouerait le rôle d'agent de rétroaction pour les questions relatives aux Autochtones en milieu urbain et surveillerait l'élaboration des politiques et programmes. Les Autochtones en milieu urbain doivent participer plus activement à des comités, des conseils, etc., ainsi qu'aux processus décisionnels des villes. On a dit également que la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain devrait être divisée en fonction des différents groupes autochtones (Premières Nations, Inuit et Métis), chaque groupe connaissant les besoins particuliers de ses membres.

Histoires de réussites

Tout au long des 21 séances de mobilisation, les participants ont fait part de stratégies et d'initiatives réussies pour les Autochtones en milieu urbain partout au Canada, notamment de processus et de pratiques dans lesquels il faudrait investir et qui pourraient être reproduits dans des régions ayant des besoins et des capacités similaires. Les pratiques exemplaires qui ont été citées étaient adaptées à la culture, collaboratives de nature, dirigées par les collectivités et conçues de manière à créer de nombreux liens avec les collectivités des Premières Nations, inuites et métisses et avec les gouvernements.

Dans certaines séances, les participants ont souligné la réussite du Programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques du gouvernement fédéral. La raison de ce succès s'explique par le fait qu'il cible le développement de la petite enfance chez les enfants des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui vivent à l'extérieur des réserves, mais également parce qu'il soutient toute la famille de l'enfant. Il faut des services de garde dans les centres urbains, ainsi que des programmes axés sur les services de garde et des mesures de soutien pour les enfants ayant des besoins particuliers. On a suggéré que des programmes semblables soient établis pour aider les enfants et les jeunes autochtones vivant en milieu urbain.

Le programme de formation en cours d'emploi qui permet à des employeurs potentiels d'élaborer des programmes de formation pour répondre à des besoins particuliers est jugé favorablement parce qu'il augmente les chances d'être embauché par les entreprises à la fin d'un programme.

Partenariats de collaboration

De nombreuses organisations sans but lucratif autochtones et non autochtones exercent leurs activités dans des centres urbains et offrent des programmes et services similaires ou complémentaires. Les participants reconnaissent que ces organisations sont importantes, mais ils estiment qu'il est important qu'elles coordonnent leurs efforts pour éviter le chevauchement et pour s'assurer que les programmes et services répondent aux besoins de la population autochtone en milieu urbain. On a dit que tout nouveau programme devrait favoriser et soutenir financièrement la collaboration entre les organisations de prestation de services dans leurs tentatives de coordonner le continuum de soins offerts à leurs clients.

Les participants ont également souligné l'importance de bâtir des partenariats avec les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, ainsi qu'avec le secteur privé. Par exemple, des conseillers municipaux ont mentionné que la Fédération canadienne des municipalités examinait des façons de renforcer et de soutenir les relations avec les organisations autochtones en milieu urbain, les organisations politiques et les gouvernements municipaux. Elle aimerait fournir un certain financement pour assurer une meilleure coordination d'ensemble des programmes et services visant à répondre aux priorités et aux besoins des collectivités autochtones en milieu urbain. Un groupe de travail autochtone a été mis sur pied pour faciliter ce processus.

On a souligné que les tables de concertation et les coalitions visant à répondre aux besoins des Autochtones en milieu urbain sont des réussites. À certaines tables rondes régionales, des participants appartenaient à des tables de concertation ou à des coalitions qui ont reçu par le passé du financement par l'entremise de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain (Calgary Urban Aboriginal Initiative, Metro Vancouver Executive Aboriginal Council, Ottawa Aboriginal Coalition, Aboriginal Coalition of Lethbridge, Toronto Aboriginal Services Support Council, etc.). Selon certains, la raison qui explique ce succès est que les tables de concertation et les coalitions réunissent une diversité d'organisations et d'ordres de gouvernement afin d'élaborer des approches conjointes pour répondre aux besoins de la population autochtone dans un centre urbain particulier.

Les membres des coalitions ont également dit que le financement par l'entremise de la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain leur avait donné la capacité d'obtenir des fonds d'autres organisations qui, en retour, ont été exposées aux besoins de la communauté autochtone en milieu urbain. Un autre facteur qui a contribué à leur réussite est que les décisions de financement ont été prises collectivement, chaque organisation fournissant les services et ressources qu'elle pouvait gérer, pour répondre à un besoin particulier. Les membres ont reconnu que, dans certains cas, cela a pris des années pour bâtir une relation de confiance entre organisations autochtones et non autochtones et avec les différents ordres de gouvernement. On s'entendait pour dire que ces types d'initiatives de collaboration sont de bons exemples de réconciliation dans l'action et qu'elles procurent une réelle occasion aux municipalités et autres ordres de gouvernement d'être des partenaires engagés dans la prise en compte des défis auxquels sont confrontés les Autochtones en milieu urbain.

Centre d'amitié

Les participants ont reconnu que les centres d'amitié sont un élément important de la prestation des programmes et services en milieu urbain et qu'ils sont depuis longtemps le premier point de contact pour les Autochtones vivant dans des centres urbains partout au Canada. Dans certains cas, surtout dans le Nord, ils sont l'unique fournisseur de services ou offrent le seul lieu accueillant et sécuritaire où les Autochtones peuvent obtenir des services et participer à des programmes culturels ou à des activités récréatives.

Conclusion

Il était clair, dans toutes les discussions partout au pays, que la vision générale et l'objectif des programmes destinés aux Autochtones en milieu urbain est de créer un réseau national de services et de programmes pour aider les Autochtones, peu importe où ils vivent, ce qui se traduit par un continuum de services axés sur les valeurs autochtones, et conçus et fournis par des Autochtones, de la communauté d'origine à l'environnement urbain.

Il était clair également qu'il existe un désir de travailler en collaboration et collectivement sur des stratégies et des plans de mise en œuvre fondés sur les connaissances, la capacité et les expériences locales, en établissant des liens avec les gouvernements autochtones et les organisations représentatives. Il faut investir plus dans les collectivités autochtones hors des collectivités d'origine, en affectant les sommes d'une façon qui prend mieux en compte le lieu où vivent les Autochtones. Il faut également un financement plus souple, prévisible et en temps opportun afin que les organisations aient la capacité d'intervenir lorsque des occasions se présentent. Cela leur donnerait la capacité de planifier, d'évaluer, de réagir et d'être proactives pour faire valoir les besoins des Autochtones en milieu urbain au Canada, et pour répondre à ces besoins.

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